La Septième par les Berliner Philharmoniker et Simon Rattle à la Philharmonie de Cologne
En fin de matinée, j’achète une paire de sandales et une autre paire de chaussures sans aucun essayage préalable, au grand étonnement de la vendeuse. Puis, alors que ces pages sont à jour pour la première fois depuis des mois, je prends l'autoroute du nord en direction de Cologne. Tout au long de la route, je pense à Antoine, car la dernière fois que je l’ai prise, c’était avec lui, pour notre week end à Hambourg. Peu après Compiègne, je m’arrête à l’aire de Ressons pour faire le plein et, alors que j’ai mis une dizaine de litres dans le réservoir, je me rends compte qu’il s’agit d’essence et non de gazole. C’est mon premier véhicule diesel et si je ne me concentre pas au moment de faire le plein, le naturel revient au galop. J’ai pensé tout d’abord siphonner le réservoir, mais la station service ne vendait pas de tuyau. J’ai donc acheté un couteau et j’ai tranquillement coupé un morceau de tuyau d’arrosage, enroulé juste derrière la caisse principale. J’ai pris deux fois de suite un copieux shoot de vapeur d’essence dans les poumons. C’est très désagréable, cela monte vite à la tête et c’est probablement très mauvais à la santé. Le tuyau retiré, je me suis rendu compte qu’il était entièrement sec. J’ai appris depuis qu’il y a des filtres dans les réservoirs modernes qui empêchent tout siphonage. J’ai du me résoudre à appeler un dépanneur qui est arrivé trente minutes plus tard.
A ma grande surprise, il m'a expliqué qu’il ne pouvait pas vider le réservoir sur place, qu’il fallait emmener la voiture au garage et que de toutes façons, le problème ne serait pas réglé aujourd’hui. Nous voila partis tous les deux dans le camion, ma voiture sur un plateau derrière, en direction de Compiègne. Par chance, le garage louait également des voitures et j’ai pu prendre une petite Fiat. Il était dix sept heures, mon concert à Cologne était à vingt heures et j’avais quatre cent kilomètres à faire. J’ai foncé, je me suis fait flasher plusieurs fois mais, peu importe car, à vingt heures, j’étais assis au deuxième rang de la
Philharmonie, juste derrière les contrebasses.
C’est une
Septième Symphonie d’une extraordinaire beauté que nous ont offert ce soir les
Berliner Philharmoniker et Simon Rattle, d’un nouveau aussi élevé que ma plus belle
Septième, celle entendue
à Berlin en janvier 2009 avec le même orchestre et Bernard Haitink. La différence entre les deux versions tenait sans doute dans le souci des détails, toujours très présents chez Rattle, tandis que Haitink laissait un peu plus filer l’orchestre. Mais du concert de ce soir, il y avait des passages absolument incroyables où le temps semblait comme suspendu. Le premier alto que je ne parviens à identifier, avec ses mimiques, semblait en fusion avec Rattle qu’il dévorait du regard et ses passages solo étaient absolument étonnants. Il y avait aussi des détails merveilleux, comme les passages
con legno d’une perfection totale, ou bien le cor enchanteur de la deuxième
Nachtmusik. Le
Finale, souvent tellement raté était enfin équilibré, si loi, du
Barnum vulgaire que l’on entend souvent. Le public de Cologne en transes, s’est levé comme un seul homme pour faire une standing ovation à leurs illustres visiteurs. Après un dîner italien très léger, j’ai repris ma voiture de location, pour aller, sous la pluie et les orages, jusqu’à Freiburg im Briesgau.
Ami, te souviens-tu, qu’en route pour Cologne,
Un dimanche à Dijon, au coeur de la Bourgogne,
Nous allions admirant clochers, portails et tours,
Et les vieilles maisons dans les arrières-cours ?
Sainte-Beuve. Les consolations.
Nicolaï | 05.09.11 @ 17:53 >