Je me souviens
Journée de travail avec des juristes en prévision de mon projet turc.
Le soir je tombe par hasard sur ce texte que j’avais envoyé en juin à Antoine depuis New York parce qu'il m'avait demandé un poème.
Poème inachevé
Je me souviens de notre première discussion.
Je me souviens que c’était le 1er juillet, que je partais le lendemain pour Venise et toi deux jours plus tard pour New York.
Je me souviens qu’à distance, nous échangions des textos.
Je me souviens avoir reçu ta photo, prise dans le métro de New York.
Je me souviens t’avoir envoyé la mienne, alors que j’étais dans les toilettes du restaurant
La Furatola sur le
Calle Lunga San Barnaba.
Je me souviens être allé te chercher devant le
Panthéon.
Je me souviens d’avoir dîné avec toi aux
Fables de la Fontaine.
Je me souviens que tu m’as parlé de Woody, de Robert et de Marion.
Je me souviens que tu es venu chez moi.
Je me souviens que nous avons bu du champagne.
Je me souviens que tu as déballé le poisson vénitien.
Je me souviens avoir écouté avec toi l’
Andante du
Deuxième Concerto pour piano de Schostakovich et j’ai compris alors que jamais je ne pourrais plus l’écouter sans songer à un petit garçon sur la banquette arrière d’une
Rover, regardant sa maman qui conduit, les yeux embués de larmes.
Je me souviens t’avoir déposé près du
théâtre Antoine, je me souviens être parti sans me retourner.
Je me souviens que dix mois se sont écoulés sans te revoir mais sans t’oublier.
Je me souviens t’avoir retrouvé devant la bulle du métro
Saint Lazare,
Je me souviens avoir dîné avec toi chez
Karl et Erik.
Je me souviens avoir roulé avec toi la nuit dans Paris et de t’avoir déposé chez toi.
Je me souviens qu’aussitôt après t’avoir quitté, tu m’as invité à un spectacle et cela m’a fait plaisir.
Je me souviens t’avoir revu sur les Champs Elysées après la
Cinquième de Mahler.
Je me souviens avoir marché avec toi dans l’air printanier des rues de Paris.
Je me souviens être rentré d’Amsterdam pour aller avec toi au spectacle de
James Thierrée au
Théâtre Marigny.
Je me souviens être allé avec toi à l’anniversaire de Raphael.
Je me souviens t’avoir longuement embrassé dans ma voiture près de chez toi.
Je me souviens avoir dîné avec toi à la
Vinoteca.
Je me souviens être venu chez toi pour la première fois.
Je me souviens t’avoir laissé juste quelques heures pour te retrouver le lendemain matin en bas de chez toi.
Je me souviens d’un petit déjeuner à une terrasse ensoleillée de la rue Soufflot.
Je me souviens de notre visite de l’exposition Mahler au
musée d’Orsay.
Je me souviens t’avoir conduit à Meudon.
Je me souviens t’avoir proposé de m’accompagner en Allemagne et je me souviens que tu as aussitôt accepté.
Je me souviens de Berlin et de nos sourires lorsque tu es arrivé à
Tegel.
Je me souviens du
Siegessaüle qui brillait dans le ciel azur.
Je me souviens des
Häckische Höfe, du
Tacheles et du
Café Einstein.
Je me souviens des répétitions d’une cantate de Bach dans la
Kaiser-Wilhelm Kirche.
Je me souviens que nous avons cherché les Friedrich dans le musée de Berlin.
Je me souviens de la
Troisième de Bruckner à la
Philharmonie
Je me souviens de ma première nuit contre toi au NH de la
Leipziger Straße.
Je me souviens t’avoir embrassé dans les jardins du château de
Sans-souci.
Je me souviens de la route jusqu’à Dresde.
Je me souviens de m’être allongé au soleil près de toi devant l’Elbe.
Je me souviens de
Tannhaüser et de sa mise en scène minable.
Je me souviens que tu étais nerveux à l’idée de rencontrer HL et ses amis.
Je me souviens de la route de retour de nuit à Berlin.
Je me souviens d’un lever très matinal.
Je me souviens du petit ours de
Tegel.
Je me souviens de notre premier vol en avion et du petit film que tu y as tourné.
Je me souviens des livres que tu m’as offerts.
Je me souviens d’avoir dormi chez moi près de toi.
Je me souviens de la
Deuxième de Mahler
salle Pleyel et de MTT qui te regardait.
Je me souviens être reparti sans toi à Berlin.
Je me souviens que tu as reçu ma carte de Leipzig.
Je me souviens que tu me manquais.
Je me souviens t’avoir acheté un autre ours à
Tegel.
Je me souviens de notre dernière soirée ensemble.
Je me souviens du
Lutetia et de la
Sardegna.
Je me souviens t’avoir murmuré un secret à l’oreille pendant cette nuit là.
Je me souviens t’avoir dit au revoir alors que tu dormais dans mon lit.
Je me souviens d’être parti à New York, je me souviens que tu m’y manquais terriblement et que je pensais à toi à chaque instant, je me souviens que j’étais heureux car je savais que je te retrouverais bientôt, je me souviens avoir écrit ces lignes dans l’avion de New York à Phoenix, je me souviens avoir ressenti du bonheur à songer à tous ces instants vécus de notre jeune histoire, je me souviens avoir été plus heureux encore à songer à tous ceux que nous allions vivre ensemble.
Je me souviens avoir eu hâte d’être avec toi à Hambourg, à Munich, à Positano, à Ravello, à Amalfi, à Aix en Provence et à New York.
Je me souviens avoir conclu ce poème inachevé en te disant que
je t’aime.
V.