Paul
J'ai rencontré mon ami Paul à Paris il y a plus de vingt ans. Fraîchement débarqué de ma province, j'habitais alors un foyer d'étudiants qui hébergeait une dizaine d'americains. Paul n'était resté que six mois, mais nous nous étions vraiment liés. Je l'appelais Monsieur Sousbois, traduction imparfaite de son nom.
Je l'ai revu quelques années plus tard, peu de temps après la naissance de ma fille aînée. Par un imbroglio assez étrange, on l'avait attendu la semaine d'avant et pas du tout le soir où il était venu, soir où précisément un couple d'amis s'étaient décommandés... Quand à lui, il avait oublié à New York mon adresse, se souvenait seulement du nom de la rue, heureusement courte, qu'il avait arpentée jusqu'à trouver l'interphone à mon nom. Il avait offert à ma fille un joli hochet en argent de chez
Tiffany, dans un coffret bleu ciel.
Je l'ai revu ensuite à New York, au cours de mon deuxième séjour, avec mes amis
C. et A. qui habitaient Montreal à l'époque. Il nous avait fait découvrir le restaurant
Balthazar sur Spring Street qui est devenu un de mes lieux préférés ici.
Et puis on s'est retrouvés en 2000 lorsque je suis venu avec P. Il nous avait invité dans son bel appartement de la 106ème rue avec des amis très bobo-gays. P. l'avait beaucoup intrigué par sa beauté et son parfait accent américain et on s'était retrouvés tous les trois à l'
Oyster bar de Grand Central autour d'une soupe rustique et d'un plateau magnifique d'huîtres américaines.
On ne s'est pas vus en 2001 car il était bloqué à Londres alors que moi j'étais bloqué à New York...
Et c'est à l'
Oyster bar que nous nous sommes retrouvés hier pour déjeuner. Au menu, soupe rustique et plateau d'huîtres américaines, le tout arrosé d'un Sancerre blanc bien français.