Zorn's day
Donc hier soir, je me suis pointé un peu avant 20h00 Norfolk Street, à la limite de Chinatown et d'Alphabet city, devant ce petit théâtre où une cinquante de personnes faisaient la queue. Population jeune, intello, fauchée, bohême... L'impétrant de cinquante ans, look jeune, pantalon militaire de camouflage 5th Avenue, passe dans les rangs pour faire rentrer gratos quelques connaissances. A vingt heures, tout le monde s'ébranle et, moyennant quinze dollars, pénètre dans ce qui ressemble assez à un garage, avec un bar dans un coin, des petites bougies un peu partout et une scène devant un rideau de velours rouge.
Première partie :
Goetia, cinq pièces pour violon seul jouées dans une tension extrême par une fantastique artiste d'origine asiatique. On aurait une sorte de
Caprices de Paganini revisités par Boulez.
Entracte
Seconde partie :
Necronomicon, cinq pièces pour quatuor à cordes dans un langage proche de Shostakovitch.
Le problème est que pendant la pause-bar, le second violon a joué, pour rigoler, le début de la première sonate pour violoncelle de Brahms, aussitôt rejoint par son collègue violoncelliste qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Lionel Jospin. Ca m'a détruit. J'ai eu une envie incoercitible d'écouter la belle mélodie lyrique de Brahms et un mal fou à me concentrer sur le Zorn. J'ai même eu envie de quitter discrètement la salle. Puis je me suis dit que les premiers auditeurs de Brahms avaient sans doute aussi quitté la salle pour les mêmes mauvaises raisons et je suis resté stoïquement.
Ce matin, pour me consoler, je suis allé chercher des places au
Metropolitan Opera :
Tristan demain, le
Nozze di Figaro mercredi.
si, mais je suis très cher... quand au
trobadore, moi aussi je l'abhorre... à dort ou à raison...
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