Don't walk
Ce qui a le plus changé depuis deux ans que je n'ai pas mis les pieds ici, c'est la disparition quasi totale des panneaux WALK / DON'T WALK aux carrefours, remplacés par un piéton d'un blanc étincelant quand on peut passer et une main rouge quand on risque de se faire écraser par un taxi jaune.
Je n'ai pas de guide, car j'ai offert le mien à ma mère à la fin de notre dernier séjour. A ma grande joie, je m'en passe très bien.
Ce matin j'avais pensé me rendre à l'
Abyssinian Church de Harlem dont j'ai envie d'entendre le Gospel depuis des années. Il pleuvait des cordes. Je sais qu'il faut faire la queue assez longtemps pour espérer entrer. Je me suis rabattu sur un petit déjeuner américain sur l'Avenue of the Americas. Ensuite j'ai laissé tomber la pluie en m'abritant à Saint Patrick pendant la messe très solennelle et très guindée.
Cet après-midi, je suis allé visiter la magnifique
Neue Galerie, petit musée consacré au Jugendstil viennois, et fondé en 2001 par deux mécènes dont l'un n'est autre que le fils d'Estée Lauder. J'ai été subjugué par quelques Klimt qui sont restés pendant tout le vingtième siècle dans des collections privées américaines. Il y a aussi de nombreux dessins et peintures d'Egon Schiele dont son célèbre autoportrait au sourcil froncé et aux lèvres rouges que j'avais déjà vu à Düsseldorf en 1996. Et puis une collection très riche d'objets de la Sécession viennoise : des couverts, des vases, de l'argenterie, du mobilier de Otto Wagner, Adolf Loos, Kolo Moser et de Klimt lui même.
En regardant pour la première fois la fameuse
dame au chapeau de plumes noires de Klimt, je me suis pris à rêver à tous ces Klimt détruits au cours de deux conflits mondiaux et perdus à tout jamais, comme ce magnifique portrait de Schubert de profil, dont il reste quelques photographies en noir et blanc.
En sortant du musée je suis allé faire un tour à
Tribeca, puis à
Chinatown qui n'en finit pas de s'étendre, jusqu'à en étouffer
Little Italy.
Ce soir j'ai prévu de me rendre dans un petit Théâtre, le
Tonic, pour un concert donné à l'occasion des 50 ans de
John Zorn. Le théâtre se trouve dans une partie de Manhattan que je connais peu mais qui m'a toujours attiré : si on considère que Manhattan a la forme d'un pénis au repos (si, si, c'est flagrant, un pénis comme ceux que l'on voit dans les livres d'anatomie; big apple tu parles, megadick oui!), bref, si l'on considère celà, il y a une partie de Manhattan, tout en bas, au bord de l'
East River, qui serait en quelque sorte sous le gland. Eh bien cette partie se trouve à l'est de la Première Avenue et elle est pourtant traversée par quatre avenues qui traversent le gland du nord au sud. Et les new-yorkais, plutôt que de les appeler -1, -2, les ont baptisées A, B, C, et D, d'où le nom du quartier : Alphabet city.
J'adore cette ville.