New York I
Je me lève à cinq heures à Omaha pour attraper le vol pour New York. J’atterris à
La Guardia qui était le seul des trois aéroports de New York que je ne connaissais pas. En ce vendredi d’avant Pâques, il y a un monde fou qui part et qui arrive. Je prends un taxi pour
SoHo car je loge cette fois ci au
James, un hôtel écolo-bobo tout neuf plutôt agréable. Je vais à pied déjeuner chez
Balthazar et comme le restaurant est plein, je m’installe au bar à côté d’un très bel américain qui lui aussi déjeune en célibataire. Alors que je suis capable de faire des choses très gonflées, je n’arrive pas à me décider à lui parler. J’arriverai juste à mémoriser son nom sur sa carte bancaire
Zachary A. Cohen, mais malgré tous mes efforts, je n’arriverai pas à le retrouver sur
facebook. Je passe au
Lincoln Centre pour m’enquérir des places qui seront mises en vente pour la
Valkyrie. Je découvre avec effroi que l’un des dernières disquaires corrects de New York a lui aussi fermé ses portes, après
Tower,
HMV et tous les
Virgin’s. Sur les recommandations de mon petit disquaire d’occasion de la Douzième rue, je me rends downtown chez
J&R, une sorte de
Surcouf local qui a un rayon de disques classiques et jazz tout à fait correct.
Le soir, je vais dans la
cancellation line du MET et assez rapidement, je trouve un ticket hors de prix mais merveilleusement placé. C’est donc ce soir la première tant attendue de la
Valkyrie, avec le fameux décor à base de lamelles orientables de Robert Lepage qui a la réputation d’avoir coûté onze millions de dollars. Ce décor modulable crée parfois de très belles formes sur lesquelles des images sont projetées, les chanteurs ont un peu de mal à s’y habituer et en particulier, Deborah Voigt tombera au sol au moment de son entrée en scène, mais elle se sortira de l’incident avec brio en une savoureuse autodérision. Le clou de cette soirée c’est la distribution avec un excellent Votan (Bryn Terfel) mais surtout l’extraordinaire Siegmund de Jonas Kaufmann qui chante merveilleusement, en particulier tous les passages
mezzo voce de l’œuvre. L’orchestre est en forme sous la direction assez inspirée de James Levine, de plus en plus malade et à qui la salle fait un véritable triomphe.