La Septième de Mahler de Pierre Boulez au Concertgebouw I
J’ai fait trois erreurs aujourd’hui en me rendant à Bruxelles. D’une part j’y suis allé en voiture, ce qui est plus long, plus fatigant et plus cher que le
Thalys. D’autre part je suis reparti vers cinq heures qui est l’heure de pointe bruxelloise et j’ai mis plus d’une heure à rejoindre le
Ring. Ma troisième erreur était de ne pas avoir prix avec moi mon ticket de concert, pensant naïvement que j’aurais tout le temps de repasser à l’hôtel. Je me suis donc retrouvé à six heures bien passées vers Vilvoorde, deux heures avant le début de mon concert, alors que
Googlemap indiquait trois heures de temps pour atteindre
Museumplein. Je suis allé aussi vite que j’ai pu, souvent à 160 km/h, mais le traffic était parfois difficile, en particulier sur le ring d’Anvers.
A 20h00 pile, je me garais au parking de Museumplein.
A 20h05, je récupérais un duplicata de mon ticket contre la modique somme de 3€50.
A 20h07, prévoyant, je vidais ma vessie dans l’un des urinoirs du
Concertgebouw.
A 20h10, je buvais un café, histoire de rester éveillé
A 20h13, je constatais que qu’un squatteur occupait mon mauvais fauteuil placé sous la galerie sud. Un grand sourire à un membre du staff du
Concergebouw m’a permis de changer de place et d’en avoir une bien meilleure au parterre.
A 20h15, Pierre Boulez entrait en scène, depuis le bas côté de la salle, sans doute pour éviter la fatigue de l’immense escalier rouge de la scène. Le meilleur de ce concert était les pièces de Webern, à la sonorité voluptueuse et à l’extrême précision. Le problème est qu’elles ne durent que vingt minutes et le plat de résistance du concert, la
Septième de Mahler, à ma grande surprise, fut une immense déception. L’orchestre, bien sûr n’est pas en cause, mais la direction de Boulez, totalement raide et privilégiant des tempi très amples, rendait l’œuvre terriblement ennuyeuse. Les deux
Nachtmusik m’ont semblé interminables et même le
Scherzo, dont on aurait pu penser que la direction précise de Boulez y ferait merveille n’avait rien de l’humour mahlerien. Pendant le concert, je songeais à Claudio Abbado lorsqu’il dirigeait la
Neuvième à Pleyel, à son sourire radieux qui transformait leur acte de
Musikieren en acte d’amour. Le visage sérieux et concentré de Boulez, le respect mêlé de crainte qu’il inspire peut être aux musiciens peut-il avoir en partie pour conséquence un tel naufrage ?