Où vivrai-je demain? I
Je ne crois pas vous l'avoir encore indiqué, mais je suis à la recherche d'un appartement. Tâche ardue en ce moment: les prix ont terriblement augmenté à Paris et il n'y a rien sur le marché. Je dévore les annonces du Figaro où il y a quelques offres de locations décentes. Samedi dernier, j'ai visité un appartement qui m'a plu. Sans plus. Il est place de la Trinité à Paris et il a une vue incroyable plein sud. Je n'aime pas la peinture jaune qui a été barbouillée partout, ni la cuisine à installer entièrement, mais la pénurie m'a incité à déposer tout de même un dossier. Ce que j'ai fait ce soir.
Le cabinet d'administrateur de biens est cosy - vieille-France même. Mon dossier est bon. Pourtant je sens dans le regard de M. de La C. qui me reçoit, que quelque chose ne va pas. Il estime que cet appartement est trop petit pour moi. Il est divorcé lui aussi, mais remarié et il se sent investi de la mission de définir ce qui est bon pour moi. Ne pas le brusquer. Rester calme et souriant. Bien respirer. Lui dire qu'il a raison mais que je passe la plupart de mes week-ends avec mes filles en dehors de Paris. Je ne le convainc pas. Il me dit que j'ai de bonnes chances, que mon dossier est en haut de la pile de 5, mais je lis dans ses yeux qu'il n'en est rien. Que l'appartement de la Place de la Trinité rejoindra la cohorte de tous les appartements de Paris que j'ai visités et que je n'ai pas habités, devant lesquels j'aime passer en me souvenant de cette option de vie que la vie a refusé.
Je demande sans espoir à M. de La C. si, éventuellement, il aurait autre chose à me proposer. Il me dit que non mais me demande quand même mon cahier des charges. C'est facile: immeuble Hausmannien, parquet, moulures, plus de 70 m2 et un Numéro d'arrondissement compris entre 5 et 9 ou égal à 17. L'oeil de M. de la C. s'illumine. Il me dit qu'il a peut être quelque chose. Il met en branle son ordinateur poussif et peine à trouver un mot de passe SCO.
M. de la C. me parle alors d'un appartement de 120m2 rue de Madrid. Il est beau, il est atypique, un grand double living, deux chambres, des corniches. L'état est moyen mais le lieu est plein de charme. Il est occupé par un top-model qui le quittera dans dix jours. M. de La C. ne la jamais rencontrée mais a vu ses photos qui emplissent les lieux. M. de La C. me dit même -je rêve- qu'il me verrait bien avec elle et que vu ma situation... D'ailleurs le plus simple est que je l'appelle directement. Il ne peut me laisser son numéro de portable bien sûr, mais me laisse sa ligne fixe. Je dois l'appeler le soir, après qu'elle soit rentrée et avant qu'elle ne sorte.
En rentrant chez moi, je m'arrête rue de Madrid. L'immeuble est superbe, de style hausmanno-gothique avec des gargouilles et des exubérances baroques. Tout ce que j'aime. J'imagine la belle qui va bientôt rentrer.
Et là je suis chez moi à taper sur mon clavier et je regarde son numéro, inscrit sur mon agenda. Je vous quitte pour l'appeler.
"Je dois l'appeler le soir, après qu'elle soit rentrée et avant qu'elle ne sorte."
Hm, combiner après que+ subjonctif avec avant que (...) ne" dans une seule phrase... il fallait oser.
Moi -
email| 25.09.06 @ 03:28 >