Leander
Hier, juste avant et juste après le concert, j’ai eu beaucoup de mal à détacher mon regard d’un jeune homme blond aux cheveux longs et très bouclés, habillé de l’élégante redingote noire à col Mao des employés du KKL chargés d’aider les spectateurs. Il s’est sans doute aperçu que je l’observais avec un peu d’insistance car il m’a retourné un très beau sourire. Sans doute parce que j’assistais au concert avec l’une de mes filles, je n’ai pas osé aller lui parler mais en passant juste devant lui, j’ai pu noter sur son badge que son prénom était Leander et que son nom de famille était germanique et assez long, sans que je ne puisse le mémoriser.
Aussi, en retournant au KKL ce matin pour le concert d’Hélène Grimaud, avais-je préparé un petit mot pour le lui glisser si je le revoyais. J’ai eu beau parcourir les quatre étages de la salle pendant l’entracte, je ne l’ai pas vu.
Le concert de musique de chambre commençait par la si belle sonate pour flûte et piano de Francis Poulenc dont le début a longtemps servi de générique à une émission de France Musiques et que j’entendais pour la première fois en concert. Jacques Zoon jouait d’une flûte noire (en ébène je suppose) qui donnait un son particulièrement chaleureux à sa partie et qui convenait parfaitement au caractère si français de l’oeuvre. C’est ensuite le beau Raphael Christ qui jouait avec Hélène Grimaud la sonate pour violon et piano de Ravel. Immense maitrise du jeune violoniste qui s’apprête sans doute à faire une très belle carrière. Le
blues du deuxième mouvement était sublime d’humour, de rythme et d’élégance. La première partie s’achevait avec l’une des sonates pour alto de Brahms jouée par Wolfram, le papa de Raphael qui a été le premier alto de l’orchestre Philharmonique de Berlin pendant les années Karajan. Il est amusant de voir que père et fils ont un peu la même posture de jeu, les jambes un peu pliées, le dos vouté. Ils ont d’ailleurs une sonorité comparable, toute en en douceur et en finesse.
La deuxième partie est consacrée à un quatuor avec piano de Schumann plutôt ennuyeux.
Nous prenons la route dès le concert fini, juste le temps d’un
bretzel au
Bretzelkönig de la
Hauptbahnhof.
Dîner en Bourgogne.
Retour seul dans la nuit, circulation fluide jusqu’à Paris.
Passé devant
chez Camille, à Arnay le Duc, qui me rappelle bien des souvenirs.
Flashé une fois.
Arrivé chez moi, je lance des requêtes google dans tous les sens avec comme mots clefs:
Leander, KKL, Luzern, mais sans aucun succès. Alors après un peu d’hésitation, j’envoie ce mail à la DRH du KKL :
Dear Mrs M*,
I attended the amazing concert by Maestro Claudio Abbado last Saturday.
After the concert, I discussed with a young tall blond guy working in the team in charge of welcoming the audience.
I think his first name is Leander and I would like to keep in touch with him.
If you could transmit this message to him, that would make me extremely happy.
With my very best regards,
V.
Et comme deux bouteilles à la mer ont plus de chance d’aboutir qu’une seule, j’envoie un mail identique à info@kkl.ch.