Le concert de l'année
Deux heures d’attente sur l’autoroute devant le tunnel du Gothard qui est saturé par les nombreux retours de vacances. J’ai imaginé que ce grand embouteillage me ferait rater le concert de l’année mais nous arrivons largement à l’heure à Lucerne. On se promène un peu dans la ville dont mes filles trouvent qu’elle a des allures de
Disneyland.
Le soir, après un
bretzel au
Bretzelkönig de la
Hauptbahnof, nous nous rendons au
KKL (Kultur und Kongresszentrum Luzern), le magnifique centre de concerts imaginé par Jean Nouvel. La salle est vraiment superbe, l’acoustique y est merveilleuse et à 18h30 précises, les stars de la rolls des orchestres entrent sur scène: il y a Sabine Meyer à la clarinette, les violoncelles sont dirigés par Jens-Peter Maintz et Natalia Gutman, Raphael Christ est relégué à la tête des seconds violons, son papa à la tête des altos, Alois Posch, celle des contrebasses, quelques Hagen sont là, ainsi que le
Mahler Chamber Orchestra qui forme l’ossature de l’orchestre. Ma précédente 9ème dirigée par Claudio Abbado était le 9/9/99 à Berlin et elle à fait l’objet d’un disque culte. C’est dire quel était le niveau de mon attente. Je n’ai pas été déçu. L’orchestre est absolument extraordinaire, d’une souplesse de félin, il répond à la moindre demande de son chef et on dirait que tous les musiciens sont amoureux du Maestro Abbado qui comme à l’habitude, dirige avec élégance, raffinement et précision, avec une intelligence mahlerienne absolument unique. Le
Ländler du deuxième mouvement était merveilleux, le
Scherzo époustouflant, mais le sommet de l’oeuvre était le long et déchirant adieu du dernier mouvement qui s’est achevé dans un murmure quasiment disloqué. Abbado a gardé la main levée et deux mille spectateurs ont respecté un long silence de deux minutes, voluptueux, dramatique et quasi mystique. Puis quelqu’un a crié bravo, et les déchainements d’applaudissements et de fleurs jetées des balcons ont achevé ce concert mémorable.