Au revoir
Ce matin, ma soeur m'a appelé pour m'annoncer le décès de ma grand-mère. Etrangement, je me sens ému, mais pas triste, tant ce moment était attendu, tant le véritable moment de sa disparition a été pour moi le jour où elle s'est enfoncée dans la solitude de l'oubli et de la perte totale de mémoire. Elle aura vécu plus de dix années dans ce no man's land étrange où un être humain doit forcément perdre un peu de son humanité en vivant sans savoir qui sont les autres ni qui il est lui-même.
Ma soeur m'a également annoncé le décès de la soeur jumelle de ma grand-mère, survenu la semaine dernière. Etrange parallélisme de deux destins longs tous deux de cent ans qui se seront ressemblés jusqu'au bout, tout en ne se rencontrant que rarement durant la majeure partie du parcours.
Je la revois devant sa porte d'entrée, rue Raynaud, lorsque le soleil passait à travers la fenêtre de la cage d'escalier et illuminait le bleu intense de ses yeux.
Au revoir, ma petite mamie.