« De l’importance d’être honest » ou « Je n’irai pas a Salt Lake City »
Le matin vers sept heures, je suis réveillé par un SMS d’Air France me prévenant courtoisement que mon vol pour Atlanta qui était prévu à 10h30 ne décollera qu’à 16 heures, en raison des nuages du volcan islandais. Comme ce retard me fait rater ma correspondance à Atlanta, j’appelle aussitôt Air France pour trouver un vol alternatif. On envisage un temps une correspondance à Los Angeles, puis une autre à Salt Lake City, mais mon interlocutrice me convainc de revenir sur celle d’Atlanta, en me mettant seulement sur le dernier vol Atlanta Phoenix, qui me fait arriver vers minuit, heure locale. J’ai fait une grosse erreur, celle de l’écouter sans réfléchir.
Vers deux heures, j’arrive à Roissy. Comme à l’habitude, le retard annoncé est de plus en plus important et nous ne décollerons qu’à 18h30. Juste derrière moi, dans le salon Air France, Pierre Boulez attend lui aussi son vol très en retard pour New York. En raison du nuage de cendres volcaniques c’est une route très surprenante que prend le Boeing 747, en contournant l’Islande par le nord et en survolant le Groenland qui, au travers du hublot, donne l’impression d’une couche de neige d’une incroyable épaisseur de laquelle émergent quelques petits pitons blancs eux aussi. Un peu après, alors que nous descendons vers le Canada, nous survolons une mer d’icebergs.
Nous avons atterri à Atlanta vers 22h30. Mon vol pour Phoenix était parti depuis une heure. A contrôle des passeports, le policier m’indique que je n’ai pas rempli le formulaire ESTA, ce qui est faux, puisque je suis entré aux Etats-Unis en décembre dernier. J’ai donc droit à un régime spécial, je dois aller dans un bureau où une fille hargneuse crie après un hollandais qui a prétendu lui aussi l’avoir rempli : "
You re a lyer ! How do you want us to trust you if you lye !" crie-t-elle. Au cours d’une accalmie verbale elle se met à me houspiller car je n’ai pas depose mon dossier dans le toaster (je me demande toujours j’aurais pu deviner qu’il fallait le faire). Comme je lui présente sur mon ordinateur mon formulaire ESTA de décembre, je peux ainsi témoigner de ma bonne foi et il apparaît que l’erreur vient du fait qu’en plus du numéro de passeport, j’ai ajouté un dernier numéro qui représente le numéro de livret. Comme je suis
honest elle ne me fait pas la grande scène et je peux partir m’enquérir de ma chambre et de mon changement de vol. Il est bien sûr inutile de mentionner qu’il n’y a personne d’Air France pour s’occuper des nombreux passagers en mal de correspondance. Sur la base d’un mauvais conseil, je pars dans un petit train au
Concourse B d’où part le vol du lendemain pour Phoenix. Au guichet
Delta, une femme bien peu aimable elle aussi m’indique sèchement que le vol du lendemain est complet, qu’elle n’est pas compétente pour le
voucher de ma nuit d’hôtel et que je dois revenir au Terminal Principal. Je tournerai encore un peu (j’ai même essayé le guichet
Lost Luggage de
Delta avant de trouver enfin le bon endroit où, bien sûr un serpentin d’une cinquantaine de passagers s’était déjà formé. J’ai attendu 45 minutes de plus, puis j’ai du trouver une navette pour l’hôtel
Westin où j’ai passé une brève nuit de cinq heures.
Je pense pouvoir qualifier ce voyage du pire de ma vie.