Un déjeuner avec Mariss Jansons
Le matin, nous faisons avec HLG une longue marche dans Amsterdam, en passant par la rue des antiquaires, puis jusqu’à Utrechtstraat, où je lui fais découvrir ma chère boutique
Concerto. Il achète de nombreux disques dont des extraits de Carmen par Conchita Supervia, et il a la coquetterie de feindre de se sentir vexé car le patron de la boutique ne le connaît pas.
Nous allons ensuite au
Keyzer où nous avons rendez-vous avec Mariss Jansons qui est déjà là à midi pile. Comme la fois précédente, nous dégusterons les merveilleuses anguilles de l'endroit. Comme la dernière fois, c’est un grand bonheur que d’échanger avec un chef aussi modeste et intelligent. La discussion tourne longtemps autour du fait de savoir si le fait de connaître la vie de Mahler a une importance pour jouer sa musique. Nous parlons aussi de l’ordre des mouvements dans la
Sixième. Je suis heureux de parler avec lui de l’entrée des chœurs dans la
Deuxième Symphonie et il m’indique qu’il avait expressément demandé aux chœurs de
Radio France de rester immobiles avant leur entrée mais que, dans le feu de l’action, il ne s’est même pas rendu compte de leur indiscipline. Nous avons aussi parlé de Boulez, de Schostakovich, des premières fois où il a entendu des œuvres de Mahler en Union Soviétique.
Au moment de nous séparer, il m’a dit que chaque fois que je venais à Amsterdam, je pouvais appeler son assistante afin de ne pas payer ma place. Je lui ai répondu en souriant de prendre garde car cela pourrait arriver plus souvent qu’il ne l’imagine.