Voytek
Je gare ma voiture sur le parking, glisse l’une des deux bouteilles de champagne dans ma valise et laisse l’autre dans le coffre, puis j enregistre pour le vol
Wizz de Katowice. Je prends un bretzel et un verre de jus de pomme avant d’embarquer dans l’
Airbus rempli de polonais qui rentrent en Silésie, sans doute pour le week-end. On atterrit à l’heure et devant le petit aéroport de Katowice, se tient le minibus
Wizz qui m’emmène à Cracovie. Il commence à neiger et malgré ces premiers flocons, le chauffeur fonce sur la route au son de chansons de variété polonaises qu’il impose à tous ses passagers. A un moment, il écrase la pédale de frein, car un camion qui traverse la route s’est immobilisé devant nous. On s’arrête à temps, alors que je me dis que la nouvelle de mon hospitalisation ou de ma mort en Pologne aurait mis un certain temps à parvenir à Paris, personne ne me sachant ici et plus drôle, ma voiture serait restée sans doute longtemps seule sur le parking de l’aéroport de Dortmund.
Je dépose mes affaires à mon hôtel qui est juste en face de la Philharmonie de Cracovie où, hélas, il n’y a rien d’intéressant ce week-end. Je parcours le centre ville de la plus jolie ville polonaise, j’achète pour moins de dix euros le nouvel enregistrement de Rafał Blechacz des deux concertos de Chopin, captés en juillet dernier au
Concertgebouw.
Le soir je retrouve Voytek au milieu des boutiques de Noël de la place du marché. A mon étonnement, il est aussi beau que sur ses photos de mannequin avec ses pommettes slaves, ses yeux bleus en amande et sa houppette à la
Tintin. On va boire des cocktails dans un bar, puis on dîne dans le restaurant assez chic d’un hôtel du centre dans une salle où il n’y a que quelques couples de Varsovie. La discussion est agréable, Voytek a beaucoup voyagé pour ses photos, il découvre avec moi le
Prosecco et le foie gras dont je ne lui explique pas le procédé de fabrication. Lorsqu’on quitte le restaurant vers minuit, il fait un froid sibérien mais il tient à me montrer le château qu’il connaît parfaitement du fait de ses études de tourisme. On va à mon hôtel et on commande une bouteille de vodka et deux verres. Sa mère commence à l’appeler à intervalles réguliers. Il l’envoie promener mais me prévient qu’il va devoir rentrer. Le pouvoir désinhibant de la vodka aidant, je lui dis que je ne laisserai pas partir avant de l’avoir sucé. Il n’a pas l’air contre l’idée et c’est finalement après cinq appels de sa mère et vers cinq heures du matin qu’il rentrera en taxi chez lui.