Anatol, Fazil et Florestan
Vers 1h30, mon iPhone reçoit un SMS et cette étrange discussion a lieu :
I am here in Taksim and if it is not too late, we can drink a coffee.
Whoh! You're a little bit crazy! I like it! But I was sleeping...
Sorry for disturbing. Are you coming or I should better go home?
Well I dont know. U just want to drink a coffee? Everything is closed no?
Here in Taksim, still many coffees are open. So make your decision fast
Je me déciderai donc à me lever me doucher et me rhabiller pour rejoindre Anatol devant le
McDonald's de Taksim. Il est immense, très maigre, avec les cheveux un peu longs. On descend ensemble Istikial Caddesi en mangeant des marrons chauds, on trouve un bar en terrasse encore ouvert, on boit un café turc et on fume un narghileh à la menthe. Vers trois heures on remonte à
Taksim et il accepte de passer la nuit avec moi. On boit ensemble le
Kavakliedere assez médiocre du minibar, on parle assez longtemps, on s’embrasse et cela n’ira pas plus loin, syndrome G. oblige. A 5h20, la télévision se met en route toute seule, pour me rappeler qu’il faut que j’aille à l’aéroport. Un taxi stupide nous emmène tous les deux à une vitesse folle sur
Cevreyolu, le boulevard en arc de cercle qui contourne Istanbul au Nord, alors que je lui avais clairement indiqué de longer la mer de Marmara.
Si Anatol avait eu un visa Schengen, je l’aurais invité à m’accompagner à Vienne tant je n’avais pas envie de passer ce week-end seul. Il m’accompagne gentiment jusqu’au contrôle des passeports. Dans la salle d’attente du vol de Vienne, je reconnais Fazil Say qui est assis dans des poses aussi étranges que celle dans laquelle il attendait l’entrée du piano dans son
concerto pour piano de Mozart à Pleyel quelques mois plus tôt. Alors que je lui demande s’il joue à Vienne, il me répond qu’il a deux concerts à
Saint Pölten. Je n’irai donc pas l’écouter.
J'arrive à Vienne, je dépose ma valise au
Sofitel Konzerthaus qui a été dégradé en
Mercure, je dors une heure et je pars me balader. Je récupère mon pantalon qui m'attend chez
Tostmann depuis trois semaines, je prends un verre de Riesling et deux saucisses au café
Griensteidl, je redépose le pantalon à l'hôtel et j'ai juste le temps de marcher jusqu'au
Staatsoper pour
Fidelio.
J'ai été très inquiet pendant tout le premier acte : décor vieillot, mise en scène poussive, orchestre routinier, distribution inégale. La Marzelinne de Simina Ivan a bien la cinquantaine et la salle ne peut s'empêher de sourire lorsqu'elle joue la jouvencelle qui minaude. Walter Fink qui fait partie de la troupe de l'opéra depuis plus de trente ans a de fort beaux restes et une vraie présence scénique. Le Florestan de Peter Seiffert et la Leonore de Petra Maria Schnitzer sont corrects sans rien d'exceptionnel. On m'a dit qu'il y avait quatre orchestres à l'opéra de Vienne et celui qui joue ce soir sous la baguette routinière de Peter Schneider est probablement composé de bien peu de Wiener Philharmoniker.
Au deuxième acte, la beauté des choeurs redonne une belle énergie à l'opéra et le décor du final compense un peu ce qui a été vu auparavant.
Je me console de cette soirée décevante avec une
Rindsuppe et des
Kaiserschmarren au café
Schwarzenberg.