Deux Chant de la terre en deux jours
Le matin, Londres Bruxelles en
Eurostar. Mon voisin tape sur son ordinateur et dessine des spermatozoïdes dans une présentation
Powerpoint.
Le midi déjeuner dans un très bon restaurant italien de Bruxelles,
La Luna.
En fin d’après midi, Bruxelles Paris en
EurostarThalys plein à craquer.
Dès que j’arrive gare du Nord, je fonce en voiture à la salle Pleyel. Je n’ai pas pu avoir de billet pour le concert de ce soir, mais je tente ma chance. Quand j’arrive, il y a déjà une trentaine de personnes qui attendent devant la caisse. Alors que la personne de la billetterie m’indique qu’il n’y aura aucune place de dernière minute, une personne arrive et lui demande s’il peut revendre son billet. Je saute sur l’occasion et pour la modique somme de 48 euros, j’achète mon précieux sésame, sous les regards haineux des personnes qui font la queue. Je réaliserai peu après que j’aurais pu avoir une place gratuite, car la petite fille de l’un des compositeurs du concert de ce soir était présente et avait une invitation de trop et me l’a gentiment proposée.
Le concert démarre avec Lang Lang, que je retrouve, huit jours après
son concert de Vienne. L’interprétation est, comme on peut s’y attendre, un peu maniérée, dans un style galant assez peu beethovénien, mais le pianiste chinois a beaucoup d’idées, parfois bonnes, pour que son interprétation soit passionnante. En bis, exactement comme à Vienne la semaine passée, il nous offre la première étude de l’opus 25 de Chopin, un rien moins lente.
Le morceau de bravoure de la soirée était bien sûr
das lied von der Erde, que j’entendais pour la deuxième fois en deux jours. Les deux solistes de ce soir étaient à l’opposé de la veille. Nikolaï Schukoff, qui est autrichien comme son nom ne le laisse pas supposer, est à l’opposé du
Heldentenor. Il a une voix expressive, mais un peu blanche, manquant clairement de coffre. Yvonne Naef est un rien opératique, de mon point de vue pas du tout dans le caractère sublime que lui offre
das Lied. Deux solistes imparfaits font rarement un bon
Chant de la terre mais il restait l’orchestre, miraculeux d’équilibre et de justesse, délicat dans l’accompagnement, l’interlude orchestral entre les deux parties de
der Abschied tenant du miracle.
Après le concert, j’accompagne HLG pour saluer Christoph Eschenbach. Mais les loges sont maintenant au quatrième étage de Pleyel et il faut faire la queue dans un ridicule petit ascenseur à la lenteur solennelle. Lorsque j’arrive la porte de la loge est fermée et osant l’ouvrir, j’aperçois une scène amusante que je ne peux raconter ici. Je referme la porte je m’en vais discrètement.
Après le concert, je raccompagne la
sœur du maestro, toujours aussi jeune qu’à Berlin. Je la dépose comme d’habitude rue Saint Paul, exactement là où je déposais G. pendant de nombreuses nuits de l’été dernier. Et soudain, une bouffée de nostalgie m’envahit. Je rentre vite dormir après cette longue journée.