Après les Philharmoniker, les Symphoniker (toujours au Musikverein)
Après un rapide déjeuner au café
Griensteidl où Mahler avait ses habitudes, je tente de réaliser un vieux désir. Acheter un
Tracht autrichien. J’en avais vu un magnifique il y a des années à Salzbourg et j’avais eu la bêtise de ne pas l’acheter. Depuis, j’ai souvenir d’en avoir cherché un peu partout en Bavière et en Autriche sans jamais trouver ce que je cherche: un sakko tout noir et élégant, et surtout, sans bouton en corne. Je suis allé chez
Loden Plankl, une boutique de la
Michaeler Platz, celle qui se trouve juste en face de la belle Agence
Raiffeisen de Loos, de l’autre côté du
Kohlmarkt. L’accueil est digne des années cinquante, avec des vieilles filles, toutes de
Trachten vêtues. La souriante rombière en chef me dit que de son vivant (et ça doit remonter à loin) elle n’a jamais vu de
Sakko noir, surtout en cette saison. Elle a des modèles en
schwarzen Linen, mais avec des petits motifs en velours vert au col et au poches, qui tirent le tout en direction de la tenue de campagne, ce que je ne veux pas.
Je tente ma chance chez
Tostman, à deux pas du
Freyung. L’accueil est similaire, vielles dames souriantes en robe autrichienne. L’un des modèles est presque ce que je veux, dans un drap gris très foncé. Je pars avec le sakko et je laisse le pantalon en retouche (bizarrement pour ajouter un centimètre en bas des jambes). Je le récupèrerai lors de mon prochain séjour fin octobre.
Le soir je retourne au
Musikverein et je sens que j’y prendrais bien un abonnement quotidien à vie. Ce soir, ce sont les
Wiener Symphoniker qui officient sous la direction de Leonard Slatkin. Le concert démarre par
The unanswered question, l’une de mes œuvres fétiches que j’avais découvert il y une quinzaine d’années, alors que je me rendais au mariage d’une de mes cousines en Auvergne. Le ciel était très gris, couvert de gros nuages avec une belle lumière électrique et l’œuvre qui passait à la radio convenait de façon magique au paysage. Leonard Slatkin a décidé de mettre en scène la trompette et les trois flûtes au balcon de la
Goldensaal. A cet artifice inutile près, l’interprétation était absolument magique sans toutefois convaincre le public viennois sans doute peu encore habitué au modernisme de cette œuvre qui a pourtant plus de cent ans.
La très belle
Sol Gabetta entre en scène. Elle est argentine, mais sa robe violette nous emmènerait plutôt en Andalousie. Et bizarrement, pendant toute son interprétation, j’ai été étonné du côté hispanisant de nombreux passages du
Deuxième Concerto pour violoncelle de Schostakovich. Les
Wiener Symphoniker étaient particulièrement engagés dans l’accompagnement de la soliste qui se déchainait avec une vigueur étonnante sur son bel instrument sombre.
Après l’entracte (
Sekt ET
Apfelstrudel ce soir) Leonard Slatkin et les
Symphoniker nous offrent une très belle
Symphonie du Nouveau Monde avec, là encore, un engagement si fort que la perruque de Florian Zwiauer, le premier violon était toute de travers en fin de concert.
Je suis rentré à pied le long du
Ring et jusqu’au
Stadtpark dans l’une des dernières chaudes soirées viennoises de cet été indien.