18154ème jour

Une autre lettre

Ma journée se passe presque entièrement à Bruxelles où je négocie un contrat avec ma juriste facétieuse. Lors de quelques instants de pause, je commence à rédiger des passages de la lettre que je souhaite envoyer à G. La juriste, qui visiblement regarde de temps en temps mon écran me dit soudain: "Mais tu écris une lettre d’amour!".
Rentré chez moi, je la mets en forme et, après avoir hésité, je me décide à l’envoyer:

Mon Nourson,

Cette lettre sera longue. J’ai tant à te dire…
Je t’écris parce que tu me manques.
Je t’écris parce que je suis triste.
Je suis triste de la situation dans laquelle nous nous trouvons depuis quatre jours. Je suis triste de ne plus voir tes grands yeux. Je suis triste de ne plus te parler. Je suis triste de ne plus savoir ce que tu deviens, de ne plus connaître tes peines et tes joies au quotidien. Je suis triste de ne plus être auprès de toi, les jours où tu es heureux, mais aussi et surtout, les jours où tu aurais besoin d’être consolé.
Ce que nous avons vécu depuis le 26 juin est à mes yeux un trésor si merveilleux que j’ai honte de ne pas avoir su le préserver. Je garde en mémoire chacun des quarante six jours où nous nous sommes parlés, que nous ayons été ensemble ou éloignés. Je n’oublierai jamais la fulgurance de notre rencontre, cette belle confiance totale qui nous a rapprochés, cette complicité, cette douce légèreté des instants passés ensemble, ce bonheur à se découvrir peu à peu, à devenir importants l’un pour l’autre.
En deux mois, j’ai l’impression d’avoir appris à te connaître plus intimement que certains de mes plus vieux amis tant nous nous sommes dévoilés l’un à l’autre et j’aime en toi tout ce que je peux connaître. Je ne voudrais rien changer en toi, absolument rien. Je veux te connaître et être ton ami tel que tu es.
Tu m’as dit que dimanche soir, j’avais enlevé le masque.
C’est faux.
Pendant chacun de ces jours passés près de toi, je ne t’ai jamais menti, je ne t’ai jamais tenu de propos calculé, je me suis confié à toi tel que je suis et en toute franchise. C’est ce que j’aime le plus dans notre relation et c’est ce que j’aimerais ne jamais changer.
Mon seul regret concernant notre histoire tient dans les propos échangés ces tous derniers jours. Je regrette chacun des derniers messages envoyés et je te demande pardon si je t’ai blessé.
Et je sais que je t’ai blessé.
En apprenant à te connaître, j’ai compris que tu es quelqu’un de particulièrement sensible, parfois fragile, incroyablement attentionné et je suis malheureux de ne pas avoir retenu des propos inutiles que je n’aurais jamais du t’adresser et que tu ne méritais aucunement.
Cette histoire encore si jeune que nous avons entamée ensemble, je ne veux pas croire qu’elle puisse s’arrêter si vite. Je suis sûr que tu voudras lui donner une chance de s’épanouir, je suis sûr que tu voudras me donner une chance de rester ton ami.
Je pense aussi à tout ce que nous devons faire ensemble, au Garçon d’Italie et aux Mémoires d’Hadrien que j’ai tant hâte de te lire, à nos voyages au Japon, au Brésil et à Bali, aux concerts auxquels nous devons assister ensemble, à mon anniversaire pour lequel j’aimerais tant que tu sois présent, à toutes les fois où nous irons ensemble chez Isami, à tout ce que je ne connais pas sur toi et que tu me diras peut-être, et même à Carambar ou Gutenberg qu’un jour, si Dieu le veut, nous choisirons soigneusement ensemble.
Le temps que j’ai passé ces derniers jours à penser à toi m’a permis de comprendre combien tu m’es important. J’ai aussi commencé à accepter l’idée de te laisser du temps, tout ton temps. Je ne veux pas fixer d’horizon autre que celui de mieux te connaître et de profiter du bonheur que ton amitié me donne.
A peine aurai-je envoyé ce message que j’espèrerai une réponse ou un appel. Puissent ces lignes te toucher. Je les ai rédigées avec tout mon coeur. Peut-être toi aussi, alors, voudras-tu m’aider à modifier le cours du temps, à laisser une chance à notre histoire et à me donner de nouveau ta confiance.
Je t’embrasse tendrement.

V.
@ 23:20 | >

:: comments

:: talk





 

:: return to the blog

janvier 2017
decembre 2015
novembre 2015
octobre 2015
septembre 2015
aout 2015
juillet 2015
juin 2015
mai 2015
avril 2015
mars 2015
fevrier 2015
janvier 2015
decembre 2014
novembre 2014
octobre 2014
septembre 2014
aout 2014
juillet 2014
juin 2014
mai 2014
avril 2014
mars 2014
fevrier 2014
janvier 2014
decembre 2013
novembre 2013
octobre 2013
septembre 2013
aout 2013
juillet 2013
juin 2013
mai 2013
avril 2013
mars 2013
fevrier 2013
janvier 2013
decembre 2012
novembre 2012
octobre 2012
septembre 2012
aout 2012
juillet 2012
juin 2012
mai 2012
avril 2012
mars 2012
fevrier 2012
janvier 2012
decembre 2011
novembre 2011
octobre 2011
septembre 2011
aout 2011
juillet 2011
juin 2011
mai 2011
avril 2011
mars 2011
fevrier 2011
janvier 2011
decembre 2010
novembre 2010
octobre 2010
septembre 2010
aout 2010
juillet 2010
juin 2010
mai 2010
avril 2010
mars 2010
fevrier 2010
janvier 2010
decembre 2009
novembre 2009
octobre 2009
septembre 2009
aout 2009
juillet 2009
juin 2009
mai 2009
avril 2009
mars 2009
fevrier 2009
janvier 2009
decembre 2008
novembre 2008
octobre 2008
septembre 2008
aout 2008
juillet 2008
juin 2008
mai 2008
avril 2008
mars 2008
fevrier 2008
janvier 2008
decembre 2007
novembre 2007
octobre 2007
septembre 2007
aout 2007
juillet 2007
juin 2007
mai 2007
avril 2007
mars 2007
fevrier 2007
janvier 2007
decembre 2006
novembre 2006
octobre 2006
septembre 2006
aout 2006
juillet 2006
juin 2006
mai 2006
avril 2006
mars 2006
fevrier 2006
janvier 2006
decembre 2005
novembre 2005
octobre 2005
septembre 2005
aout 2005
juillet 2005
juin 2005
mai 2005
avril 2005
mars 2005
fevrier 2005
janvier 2005
decembre 2004
novembre 2004
octobre 2004
septembre 2004
aout 2004
juillet 2004
juin 2004
mai 2004
avril 2004
mars 2004
fevrier 2004
janvier 2004
decembre 2003
novembre 2003
octobre 2003
septembre 2003
aout 2003
juillet 2003
juin 2003
mai 2003
avril 2003
mars 2003
fevrier 2003
janvier 2003
decembre 2002
novembre 2002
octobre 2002
septembre 2002
aout 2002
juillet 2002