Haydn et Mert à Istanbul
Jusqu’à la dernière minute, j’ai hésité sur le moment de retour à Paris. Mon billet était prévu ce jeudi soir mais je pouvais le changer pour n’importe quand durant ce long week end du 1er mai qui pour la première fois depuis les années 70 était de nouveau férié en Turquie. J’ai quasiment laissé le sort en décider et une réunion s’éternisant un peu le soir, j’ai décidé de rester. J’en ai profité pour découvrir une salle de concert d’Istanbul le Cemal Resit Rey Konser Salonu où étaient donnés les deux concertos pour violoncelle de Haydn, ainsi que deux Concerti grossi de Bloch. Le CRRK Salonu est une jolie salle très moderne de dimension modeste qui se trouve dans les beaux quartiers, à mi-chemin entre Taksim et Nisantasi. La salle était pleine à craquer pour entendre le meilleur jeune violoncelliste turc. Benyamin Sönmez a une silhouette mince et très longue, le nez fin et recourbé, une immense mèche sombre et une tenue vestimentaire quelque peu féminine. Il donnera ce soir une interprétation intense et assez passionnée des deux concerti de Haydn, plutôt bien accompagné par l’orchestre AkBank entièrement turc. En bis, Benyamin Sönmez joue
Le Cygne de Saint Saens, accompagné en surprise par une pianiste qui joue depuis le fond de la scène. Triomphe du public. Pour compléter chacune des deux parties du concert, l’orchestre a joué deux Concerti grossi de Ernst Bloch. N’ayant jamais particulièrement apprécié la musique de Bloch, c’était un bon moyen d’essayer d’aimer. Le premier m’a tellement ennuyé que je me suis esquivé de la salle après le second concerto de Haydn et donc un peu avant la fin du concert.
Un peu plus tard, je retrouvais Mert devant le
Mac Donald's de
Taksim. Il m’attendait à l’heure dite, avec une dégaine de voyou et ses cheveux très clairs pour un turc. Il étudie à Cologne, ne se sent vraiment pas turc et était là en vacances. Il m’a aussitôt entrainé le long de
Istiklal Caddesi vers la boîte de nuit qui était fermée lors de ma soirée avec Furkan et Selim. On est resté là à siroter des vodka pomme, à manger des pistaches et à danser un peu mollement sur des musiques mi
dance, mi ottomanes. C’était très amusant. Mert connaissait tout le monde dans la boîte et à la façon dont il saluait ses connaissances, il était clair qu’il avait couché avec la moitié de la boîte. Pour se faire pardonner les effusions qu’il accordait à ses ex, il revenait aussitôt près de moi pour danser quelques instants de façon très rapprochée. Vers une heure du matin, Mert a donné le signe du départ, on est allé à mon hôtel, on a pris une longue douche ensemble et on s’est endormis l’un contre l’autre après avoir fait l’amour.