La symphonie pour chœur, toux, et orchestre
Ce matin, il pleuvait sur Manhattan, je suis retourné à JFK prendre le vol
Delta pour Chicago. A l’arrivée, en grand habitué, j’achète ma carte de métro d’un jour et je prends la ligne bleue jusqu’à la station
Washington ou je retrouve avec plaisir l’hôtel
Burnham tout décoré pour les fêtes de Noël. Il fait un temps superbe malgré le grand froid et j’en profite pour me promener dans la ville avant le concert qui était le prétexte à ces sept jours américains.
A 7h30, je me retrouve au parterre du
Symphony Hall, l’orchestre et les chœurs sont là au grand complet. Je suis presque incapable de porter un jugement sur ce que j’ai entendu ce soir. Je me souviens avoir jugé que de nombreux passages étaient parfaits. Je me souviens que le contrechant des violoncelles, que j’aime tant dans le deuxième mouvement était éblouissant. Je me souviens que Christianne Stotijn était particulièrement humaine dans le
Urlicht. Je me souviens que Miah Persson a raté son entrée en démarrant trop fort alors que toute la magie de ce passage réside dans la lente éclosion du chant au milieu du choeur. Je me souviens avoir regretté que les chœurs se lèvent avant leur entrée. Mais je me souviendrai surtout de ce concert comme d’une immense cacophonie de toux, éternuements et toussotements, en permanence, avec bien sûr un crescendo entre les mouvements. Un peu comme les klaxons du Caire, j’ai compté environ six secondes entre chaque bruit de toux. A ce niveau de perturbation, je suis incapable de me concentrer et mon esprit à tendance à être aux aguets des bruits et non plus du son. Ma voisine de gauche était une femme américaine typique avec son manteau de (fausse) fourrure et sa coiffure blonde sportive. Elle avait à ses côtés sa fille, sans doute malade, qui crachotait en permanence, toutes les minutes environ. Au lieu de la faire sortir, sa mère la câlinait, et celle-ci jouait avec le collier de sa mère (nouveau bruit) ou avec le programme au papier particulièrement bruyant. La salle fait une standing ovation à son orchestre, mais l’interrompt alors que les musiciens viennent de s’asseoir. Ceux-ci se relèvent et repartent penauds. J’ai quitté la salle passablement énervé et me suis consolé avec le menu du soir du
Burnham.