Charles
Par amusement, je lui avais donné rendez vous devant le trou du cul de cheval de Jeanne d’Arc à Saint Augustin, mais nous nous sommes finalement retrouvés chez moi. Il y a plus de quatre ans que nous ne nous étions vus. Ce sont ses yeux qui m’ont frappé de nouveau, leur couleur verte et leur si belle forme en amande. Il a les cheveux plus courts, quelques petites rides autour des yeux. J’étais ému de le revoir, de le voir assis dans ce canapé où, jadis, nous avions passé du temps ensemble. La discussion a repris son cours incroyablement naturellement. La vie n’a pas été très facile pour lui et j’ai senti une fragilité même s’il se refusait à l’avouer. On a bu un peu de champagne devant le feu de bois, on a dîné à
Risi e bisi, on est revenus chez moi, on a fumé, on a écouté de la musique et comme en ce jour de juillet d’il y a si longtemps, je l’ai raccompagné à Boulogne. Je sais très bien qu’il me rendrait plus malheureux qu’heureux, mais je ne puis m’empêcher de rêver, d’espérer et de regretter tout ce temps cassé que l’on appelle le passé…