Une nuit à l'Opéra
Jeudi soir, je suis allé à l'Opéra Bastille pour une représentation de
Guillaume Tell de Rossini. Soirée de gala oblige, le spectacle est aussi dans la salle. Des hordes de mamies se sont abattues sur les lieux en provenance de Neuilly/Auteuil/Passy en exhibant leur col en chinchilla naphtalyné. Papi a mis son smoking, devenu un peu étroit, pour s'ennuyer lui aussi devant l'un des opéras les plus longs de tout le répertoire. Un vieillard cacochyme, assis juste derrière moi, rythmera une bonne partie du troisième acte de ses ronflements sonores tandis que son épouse sortie du formol passera le quatrième a ouvrir et fermer le zip de son sac Vuitton. Les soirées de gala sont organisées par l'association pour le rayonnement des Opéras de Paris. Elles doivent être rentables puisque pour un prix double du prix normal, j'ai eu droit à un maki, et à quelques coupes de Moët et Chandon.
Quant au spectacle, il était honorable. Une distribution très inégale soutenue par un orchestre de l'opéra en grande forme. Une mise en scène banale et des décors classiques largement inspirés par les tableaux Caspar Maria Friedrich.
Et puis bien sûr la musique de Rossini et l'occasion magique d'entendre en français le magnifique air de Mathilde au deuxième acte :
Selva opaca, forêts opaques.