Lorsque Thomas remplace Thomas, un concert à la Philharmonie de Berlin
Il ya fort longtemps que j'ai envie d'entendre Thomas Hampson dans le
Chant de la terre, sans doute depuis ce concert de 1995 à Amsterdam, auquel je n'assistais pas, mais dont le disque laisse le souvenir inouï. J'avais donc pris une place et un billet d'avion pour ce week end à Berlin. C'est toujours un plaisir pour moi de revenir dans cette salle où j'ai mes habitudes depuis dix huit ans. Le concert démarrait par une oeuvre de Thomas Adès,
Tevót. Je n'ai jamais été un grand enthousiaste de Thomas Adès qui a la chance d'avoir un fervent supporter en la personne de Simon Rattle et dont j'avais entendu quelques oeuvres lors du festival
Présence de l'année passée. Le concert de ce soir ne m'a pas fait changer d'avis.
Tevót est une oeuvre assez longue, à l'effectif instrumental fourni, qui donne l'impression d'être totalement statique, l'atmosphère évoluant très lentement d'un environnement à un autre, même si l'on démarre dans un bruissement un peu stridant et que l'on passe par un fortissimo des plus impressionnants. Je réagis mal à cette musique qui dégage à mes yeux un ennui profond.
Après l'entracte, à ma grande surprise, Ben Heppner entre en scène avec Thomas Quasthoff et c'est donc à l'un des premiers
Chant de la terre de ce dernier que nous avons assisté ce soir. Je suis resté un peu sur ma faim à l'issue de cette interprétation de haut vol. Thomas Quasthoff, dont le volume vocal n'a vraiment rien à envier à celui de Heppner n'est pas vraiment dans la tessiture de l'oeuvre, il atteint ses limites dans les aigus, là où Hampson aurait fait merveille. Il y a eu cependant des moments extraordinaires, en particulier les solos de flûte de
der Abschied où Emmanuel Pahud nous tire des larmes, tant il est inspiré dans ce passage redoutable.
A l'issue du concert Heppner et Quasthoff saluent côte à côte et l'association nu nain et du géant crée une émotion palpable, faisant penser que les voies du talent sont bien impénétrables.