Un dîner avec Mariss Jansons
Bien que ce jour soit celui de l'anniversaire de sa femme, il nous rejoint peu après le concert à la petite table du restaurant
Kaiser, celui si proche du Concertgebouw dont je me suis toujours demandé si Mahler a pu un jour y pénétrer. L'homme est très slave et, bien qu'estonien, il a un fort accent russe, et surtout, il a cette chaleur communicative, il aime que l'on mange et que l'on boive autour de lui, même si lui ne boit que de l'eau.
L'homme est passionné, on ne parlera presque que de Mahler au cours de cette discussion, de l'ordre contesté des mouvements dans la
Sixième, de la façon d'obtenir de la contrebasse solo qu'elle joue un peu faux dans le troisième mouvement de la
Première.
Sa simplicité est déroutante. Alors que tant de chefs semblent avoir des certitudes sur tout, lui doute, se demande en permanence si ses choix sont les bons et accepte volontiers de confronter ses idées et sa conception de l'oeuvre.
2011 approchant, étant à la tête de deux orchestres mahlériens, Mariss Jansons se demande comment fêter l'événement, en proposant quelque chose de jamais fait. Et puis à ma grande joie, il m'annonce que lui et l'orchestre ont décidé, à priori, d'enregistrer tout Mahler.