Une journée à Koweit City
La journée a été une suite de six rendez-vous dans les banques du pays, ponctués par une bouffée de chaleur sèche qui nous sautait au visage dès que nous quittions les tours climatisées. A un moment, le thermomètre de la voiture nous a indiqué une température de 50°C et je ne pense pas qu'il était en panne. Mes interlocuteurs m'ont dit que j'avais de la chance de ne pas être venu en août. C'était pire parait-il.
Les rendez-vous étaient amusants, avec autour de la table des koweiti dans leur grande tenue blanche et leur voile, des pakistanais, des indiens, des malaisiens, et votre serviteur comme seul représentant du monde occidental.
A midi, mon agent, pakistanais, qui expédie son chauffeur sur le fauteuil passager car il adore conduire, nous a emmené au
Crowne Plaza, un hôtel près de l'aéroport qui servait de base aux officiers irakiens pendant la guerre du golfe. Nous avons déjeuné avec un client danois qui habite Koweit depuis 26 ans et qui nous a raconté les temps difficiles de l'invasion irakienne, son départ précipité pour le Danemark, puis son retour dans son appartement saccagé.
Le soir mon agent nous a emmené au marché aux poissons où sur les étals, se tenaient beaucoup de petits requins gris. Sa femme, toute voilée de noir, m'indiquait la provenance des poissons, ceux-la d'Inde, ceux-ci d'ici, et ceux-la du Pakistan.
How do you know? lui ai-je demandé.
Because it's written!, m'a-telle simplement répondu en me montrant les panneaux en arabe.
Nous sommes allés en haut des grosses bulles qui ont un air de la tour de la radio de Berlin Est, où le panorama sur la ville et le golfe est impressionnant. Sur les murs, des photos en noir et blanc montrent les lieux saccagés par les troupes irakiennes il y a seize ans. Puis nous avons dîné sur une petite place, sous de violents brumisateurs qui occultaient un peu la chaleur étouffante. Des
hommos, des
chwarma et un petit thé fort agréable, servi dans une théière tenue au chaud sur des braises qui scintillaient dans la nuit.