Un récital à Radio France
Ma dernière visite au studio
Sacha Guitry de la Maison de la Radio remonte sans doute à une quinzaine d'années pour une émission sur la dernière année de la vie de Mahler à laquelle participait HLG. Le décor très années 50 n'a guère changé avec les sièges qui grincent, les horloges Radio France au disque lumineux rouge et la grande vitre des techniciens qui dominent le studio. Ce soir c'est un jeune pianiste de 21 ans qui était l'invité de France Musique. Il entre en scène, souriant mais la démarche encore timide. Troisième lauréat du concours Beethoven l'an passé, il démarre naturellement par une sonate de Beethoven, la deuxième de l'opus 10. Il est fascinant de le regarder jouer. Sans partition, il est totalement immergé dans la musique qui, comme il le confirmera après le concert, représente pour lui une histoire. Et l'histoire se lit aisément sur les traits de l'interprète qui expriment parfois la joie, la douleur, l'étonnement mais toujours le bonheur de jouer. Son Beethoven, impeccable techniquement, m'a semblé tiré vers Haydn, ce qui est fort défendable musicalement pour une sonate de jeunesse, mais avec peut-être un peu trop de maniérisme. Suivaient les variations de Franz Liszt sur le thème de la cantate BWV 12 "
Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen" (l'un des plus beaux titres de l'histoire de la musique de mon point de vue). Cette oeuvre sublime, composée par Liszt dans la douleur de la mort de sa fille Blandine etait ici magnifiquement rendue, comme une véritable cathédrale sonore aux impressionnantes colonnes.
Le récital d'une heure s'achevait avec la dernière des trois sonates de guerre de Prokofiev, celle en si bémol opus 84, une oeuvre dense et complexe. L'interprétation m'a semblée totalement hallucinante, d'une extraordinaire précision et l'interpète de ce soir ne semblait nullement impressionné par les effroyables complexités techniques de cette oeuvre. Le final, un véritable feu d'artifice percussif a enflammé la salle totalement conquise. Le récital s'achevaitpar un bis, l'un des préludes de l'opus 34 de Schostakovich. J'étais vraiment heureux d'assister à ces débuts parisiens de ce jeune interprète à l'impressionnante virtuosité. Son jeu m'a fait penser aux concerts l'orchestre de Chicago, à l'étonnante infaillibilité, mais dont on aimerait parfois qu'elle intègre un peu plus d'humanité. A n'en point douter, cette dernière qualité viendra avec le temps.
Effectivement, les jeunes gens - surtout s'ils sont brillants - ont parfois quelque chose d'un peu inhumain, désincarné. L'humanité vient souvent avec l'âge, l'expérience de la vie...
L'Amateur -
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url| 10.11.06 @ 16:17 >
Ah... c'est marrant parce que de tous les pianistes, c'est justement lui que je trouve le plus humain. Et je ne reconnais en rien la description qu'en fait Gvgvsse, même si le bonhomme est brillant, je peux le certifier.
Alban Berg | 10.11.06 @ 17:14 >