Le concert Jubilé de Bernard Haitink au Concertgebouw
Le 23 octobre 1904 à Amsterdam, Gustav Mahler dirigeait l'orchestre du Concertgebouw. Au programme figurait deux fois de suite sa
Quatrième Symphonie. Cinquante deux ans plus tard, le 7 novembre 1956, dans cette même salle, Carlo Maria Giulini, souffrant, ne pouvait diriger le requiem de Cherubini. On chercha désespérément un remplaçant. Et ce fut finalement un jeune assistant de l'orchestre de la radio néerlandaise, Bernard Haitink, âgé de 27 ans, qui conduisit le concert et obtint un triomphe. Il devint le chef permanent de l'orchestre en 1961 et resta à sa tête jusqu'en 1988.
Cinquante ans plus tard, jour pour jour, Bernard Haitink revient pour fêter son jubilé. Au programme, le
Chant de la terre et la
Quatrième Symphonie.
J'avais essayé voici neuf mois d'obtenir des places pour ce concert exceptionnel. "
Tous est complet!", m'avait répondu le Concertgebouw par courrier. De passage à Amsterdam, il y a un mois, il restait pourtant une seule place, une des plus mauvaises, près de l'orgue, et j'avais saisi l'occasion. C'est un concert exceptionnel auquel j'ai assisté tout à l'heure, un
Chant de la terre d'anthologie, précis, poétique, d'une clarté exceptionnelle. Les deux solistes, Robert Dean Smith et Anna Larsson sont ce que l'on peut trouver de mieux aujourd'hui pour un
Chant de la terre et, même tournés de dos pour les spectateurs du podium dont j'étais, le résultat était exceptionnel.
La deuxième partie, la plus belle
Quatrième qu'il m'ait été jamais donné d'entendre avait les mêmes qualités de clarté dégahées par cet orchestre stupéfiant. Pendant le deuxième mouvement, j'ai pensé à Alban Berg qui m'avait offert l'an passé ces pizzicati en live.
Le concert, diffusé en léger différé par la télévision néerlandaise se termine par une incroyable ovation à son chef. Le lendemain, la photo du concert fait la une de certains journaux. Et dans un petit coin, près de l'orgue, en regardant bien, on aperçoit un bout de mon visage...