Il y a trente ans I
Il y a une trente ans aujourd'hui, je dormais dans mon lit. C'était le petit matin, quatre ou cinq heures, lorsque j'ai été réveillé par du remue-ménage dans la maison, le téléphone qui sonnait, la voix grave de mon père. J'ai prêté l'oreille et j'ai entendu mon père appeler ses parents pour leur annoncer la mort survenue dans la nuit de ma grand-mère maternelle. J'ai été surpris du ton solennel de son propos, presque administratif. Je n'ai rien dit. Je suis resté dans mon lit à penser, sans doute à pleurer. J'avais l'impression que tant que je ne me levais pas, je ne connaissais pas officiellement l'information et par conséquent, elle n'était pas encore tout à fait vraie.
Puis mon père est venu, il a entrouvert la porte de ma chambre mais avant même qu'il n'ouvre la bouche, je lui ai dit : "
c'est inutile, je sais déjà..."
On n'oublie jamais ces moments-là. Les premières confrontations de l'enfance à la mort. Et oui, ce ton "administratif", distancié, qui fige notre vie, comme dans un registre, comme si l'on entrait, enfant, pour la première fois dans sa propre histoire, en tant que témoin..
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