Le récital d'Eric Artz à l'Institut Hongrois
Je me suis rendu tout à l'heure à Institut Hongrois pour un récital d'Eric Artz. En m'installant dans la petite salle face au demi-queue
Steinway, je me demandais si je retrouverais le même plaisir que celui que j'avais eu lors de ce
concert surprise de la fête de la musique l'année passée. Je n'ai pas été déçu.
Eric Artz s'installe et démarre par deux
Impromptus de Schubert d'une très belle poésie. Suit la
Fantaisie-Impromptu de Chopin, flamboyante et limpide, puis deux
Etudes, la célébrissime 3ème étude de l'opus 10 et la 11ème de l'opus 25, réputée injouable. La justaposition des deux études est intéressante car elle met en évidence ce qui de mon point de vue fait la plus grande qualité du jeu d'Eric Artz : des passages tendres et lyriques, où le piano chante à en pleurer et d'autres d'une virtuosité implacable, à la technique très sûre. La première partie se termine avec le
Premier Scherzo, déjà jouée lors du concert de la rue de Madrid. Il me semble que l'interprétation est encore plus rapide que l'année passée, plus virtuose, sur le fil du rasoir, avec de très grands risques.
La deuxième partie du récital démarre avec deux
Nocturnes de Chopin, dont le célébrissime
Deuxième. Nous passons ensuite à Liszt en retrouvant le même contraste entre une immense douceur, le célèbre
Rêve d'amour, et la virtuosité totale, avec l'une des
Etudes d'éxécution transcendante. Mais le clou du spectacle consiste en la
Deuxième Rapsodie Hongroise qui m'avait déjà subjugué alors que je l'écoutais dans de forts mauvaises conditions en voiture. Tout le monde connait cette oeuvre. Il en existe de nombreuses transcriptions orchestrales, parfois effroyables, et l'entendre parfaitement interprétée, avec fougue et classe est un bonheur incroyable. Après le feu d'artifice concluant la Rapsodie, la salle en délire réclame un bis et s'attend sans doute comme moi à une oeuvre tendre, nocturne ou mazurka... Il n'en est rien. Eric Artz nous annonce un vieux numéro de cirque d'Horowitz, les
Etincelles de Moszkowski.
Eric Artz interprètera des pièces de Chopin, ainsi que les variations sur "
La ci darem la mano" avec des membres de la Philharmonie de Berlin, lors des
Rencontres Internationales Chopin de Nohant le 23 juillet prochain.