F. (la suite)
Puisque j'ai commencé à parler de
F., je me remémore cette période où nous avons passé un peu de temps ensemble. F. était un ex de P. On l'avait rencontré par hasard au
B Bar à New York en 2000, et il est probable que j'ai cultivé son amitié en partie pour agacer P. avec qui mes relations commençaient à se détériorer.
J'avais proposé à F. de m'accompagner pour une semaine au Caire, à un moment où j'avais vraiment envie de me changer les idées. J'étais passé le chercher en taxi en bas de chez lui vers sept heures du matin pour aller à l'aéroport. Il avait passé la nuit à faire la fête et était rentré dans le taxi à moitié ivre. Il m'avait montré fièrement deux billets de cent francs en me disant que c'était pour me faire un cadeau là bas. A peine arrivé à Roissy, il avait entamé mon cadeau en s'offrant cinquante centilitres de bière pression (à huit heures du matin). Puis il avait appelé sa mère pour lui annoncer fièrement son départ pour l'Egypte. La pauvre femme a du en être plutôt affolée. Et moi je le contemplais en me disant : "
Eh merde, je vais devoir supporter ça une semaine."
Notre cohabitation s'est passée moins mal que je ne l'imaginais. Comme il dormait beaucoup, je m'éclipsais le matin en douce et profitais de la piscine. Il m'a souvent énervé avec ses débardeurs provoquants dans un pays musulman ou par son assaisonnement au ketch-up des mezzés mais c'était somme toute peu de chose.
C'est au cours de ce séjour qu'il nous est arrivé l'
histoire de la Grande Pyramide.
Au moment du retour, il a décidé d'affecter la somme réservée à mon cadeau pour s'acheter des cigarettes à l'aéroport. Il a donc changé ce qui restait des 20O francs en livres égyptiennes. Moi je me me marrais déjà. Et lorsqu'il est revenu vers moi dans la zone dutee free pour m'annoncer que les commerçants ne prenaient que des dollars, j'ai pris mon air le plus navré et je lui ai dit : "
Ah oui? Merde!"