16831ème jour
C'est la première fois que je me rendais à l'Unesco pour un concert. La salle est un grand amphithéâtre en béton vraisemblablement plus destiné à l'origine aux conférences qu'aux concerts. Le public est nombreux, pas très jeune et majoritairement du quartier huppé avoisinnant. Devant des spots bleus et oranges créant une assez belle atmosphère, trône le grand Steinway de concert.
L'organisatrice du concert, qui a réussi l'exploit d'oublier le S de
Schlimé dans l'impression des billets de concert, nous présente en quelques mots Francesco qu'elle a découvert l'année passée Salle Cortot. Elle le qualifie de
fun et prononce ce mot comme une gourmandise interdite.
La démarche souple, le col noir relevé,
Francesco entre en scène. Comme lors de la tournée de décembre, il démarre par Frescobaldi. Mise en valeur de quelques rythmes étranges, pas de pédale, tout est là pour démontrer le modernisme de cette musique composée il y a 400 ans. Puis c'est la sixième
Suite française de Bach. Francesco se sort parfaitement bien de l'horrible difficulté qu'il y a aujourd'hui à jouer Bach au piano après un certain Glenn Gould. On retrouve toute la clarté du grand pianiste canadien, la mise en valeur de chaque note et de chaque voix, mais il y a en plus une tendresse qui m'émeut considérablement. La première partie s'achève avec un clin d'oeil à la Schlimé : une improvisation à peine annoncée, aux dissonnances savoureuses précède en continu la 48ème sonate de Haydn, celle en deux mouvements. Il y a un peu de flottement dans la salle, certains auditeurs se demandant à l'évidence s'il s'agit d'un Haydn revisité ou d'un changement de programme.
Entracte. Retour à Haydn avec des variations qui m'emballent assez peu. Puis c'est l'apothéose finale.
Enfin un compositeur vivant!, nous annonce Francesco avec le sourire. Il nous rappelle que Luca Francesconi s'est inspiré de
Turkish Mambo une pièce de
Lennie Tristano, un jazzman italien dont Francesco revendique l'influence. Comme lors des concerts de la tournée de décembre, la petite partition de
Mambo est remplacée par un grand panneau des thèmes sur lesquels Francesco va improviser. Il démarre par des percussions entêtantes dans les extrêmes sons graves. Je songe à Alban Berg qui me disait son admiration pour le son de Francesco lors du concert du
Palau de la Musica la semaine passée. Et c'est exactement celà. A l'égal des plus grands, il a vraiment un son bien à lui, très reconnaissable. Devant nous, les mamies visons ont l'air surprises de la tournure que prend le concert, mais ravies :
Il est incroyable! dit l'une à l'oreille de l'autre, lors de passages improvisés particulièrement virtuoses.
Et c'est vrai. Nous avons vraiment assisté à un concert incroyable ce soir. A l'un de ceux dont on se souvient toute la vie.
Pour les aficionados, FTS interprètera le concerto de Khatchaturian les 28 et 29 janvier prochains à Orléans.
:: comments
Qu'est-ce qu'il est beau !!! *_*
c'est ben vrai, çà
Philippe[s] | 19.01.06 @ 12:13 >
vous auriez du me dire que vous étiez la. On aurait bu un verre ensemble...
gvgvsse -
email -
url| 19.01.06 @ 12:26 >
Je me suis décidé à la dernière minute (j'ai failli rater le train, d'ailleurs)
Philippe[s] | 19.01.06 @ 15:10 >
Grand retour des mamies vison (il y avait longtemps (je les aime bien (ce doit être l'un des rares avantages de l'hiver (le blues m'a rejoint)))).
Alice -
email| 19.01.06 @ 19:42 >
Ce qui manque avec Alice, c'est une page où la lire.
Jules | 19.01.06 @ 22:45 >
Y serai le 28 pour ce qui promet etre une soirée fastueuse.. adore Francesco
il se promene un peu comme Glenn Gould.....
nameVIC | 19.01.06 @ 23:15 >
Et il est tres beau.... né en 81 ! .... ah, la jeunesse.....(plus le talent!)
nameVIC | 19.01.06 @ 23:23 >
C'est peut-être une illusion, mais il m'a semblé que le public était globalement moins âgé que ce que j'ai l'habitude d'observer au concert.
J'ai repensé à
ma récente note sur l'excessive propension des artistes à "accorder" des bis avant même qu'on le leur demande (ce qui mène à ce triste spectacle de dizaines de spectateurs se levant pour rejoindre la sortie alors que lui-même s'assoit pour une troisième "improvisation"). Abondance de biens...
Mais mon Dieu qu'il est beau... (et que je suis ridicule de me pâmer comme ça). Est-ce qu'on entend une musique différente sous les doigts d'un joli garçon ?
Normal, Ben, c'était gratuit pour les étudiants et les jeunes. Au total, un public étrange, entre les mamies vison et les jeunes très propres sur eux, avec au milieu quelques rares mélomanes, dans une salle assez peu chaleureuse.
Jules> Mais on peut lire Alice sur le net, il suffit de bien chercher...
Philippe[s] | 20.01.06 @ 09:49 >
ben : j'imagine que tu étais en haut (places gratuites ou vendues le soir même) le public d'en bas était assez âgé et plutôt glacial...
gvgvsse -
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url| 20.01.06 @ 10:50 >
Philippe[s] > On la lit uniquement dans les comments ? dois-je entamer des recherches ?
Jules | 20.01.06 @ 14:34 >
A-lice ! A-lice ! un blog ! (on reprend)
zvezdo -
email| 20.01.06 @ 16:48 >
Mais qu'est-ce qui te fait penser que je ne suis pas âgé et glacial ? ^^
(je suis monté à la 2e partie pour changer de point de vue)
Zvedo, tu as déjà un n° de téléphone, ce n'est pas si mal.
Alice -
email| 20.01.06 @ 18:25 >
Pas moi. Alors j'aimerais un blog.
Jules | 21.01.06 @ 18:41 >
>Jules : le truc, c'est de décider si oui ou non tu te moques de moi (tout ça pour des mamies des mamies vison: pas très vraissemblable) . Ton blog montrait un garçon plutôt gentil, ton commentaire du 16833 rallume le doute.
Donc dans le doute, répondons sérieusement: pas d'écriture pour moi, ma grande ambition est de devenit le meilleur lecteur possible.
Et ton blog? Tu m'avais presque décidée à lire "L'Art de la mémoire", qui dort dans mes étagère depuis des mois.
Alice -
email| 23.01.06 @ 15:34 >
(Le nombre de fautes est proportionnel au nombre de coupes de champagne. Désolée)
Alice -
email| 23.01.06 @ 15:35 >
alice boit! ^ ^
gvgvsse -
email -
url| 24.01.06 @ 00:55 >
Tu ne t'en étais pas rendu compte? L'honneur est sauf.
Alice -
email| 24.01.06 @ 22:31 >
Mais elle boit du champ. C'est un signe, mon pseudo sur msn en témoigne [mais qui s'en soucie, et qui s'en souviendra, mis à part Frances Yates qui connaît la manière de se souvenir de tout ?] ("bubbles darling bubbles") [question du souvenir : réglée, pour l'instant].
Alice > Le commentaire du 16833 n’est rien d’autre que le témoignage de mon soutien inconditionnel à Vince, dans ces instants d’hésitation que seul provoque le délicat murmure d’une critique constructive. Car une voix s’élève, qui ose dire ce que nous tous répugnons à avouer : « j’aime asser » .
Quant à mon blog... Choisir une thématique eût été plus porteur, cela m’aurait permis de tenir quelques semaines encore.
Mais je n'ai pas, moi, de passion dévorante dont je puisse chanter les louanges, dont je puisse partager la teneur, dont je puisse m’auréoler.
C’est tout juste si je suis bon à recopier quelques lignes de-ci, de-là, qui, par analogie, m’émeuvent. Citer : un vice dont je ne me lasse pas, qui résume ma vision du monde et contamine ma pensée. A croire que tout a été fait pour que, de livre en livre, je ne pense plus que de la sorte : prélever puis déposer, couper et puis coller.
Proust, cité par Compagnon (1979 : 55) : « Et Françoise, nous transmettant les commissions de la marquise : « Elle a dit : « Vous leur donnerez bien le bonjour » », contrefaisant la voix de Mme de Villeparisis de laquelle elle croyait citer textuellement les paroles, tout en ne les déformant pas moins que Platon celles de Socrate ou saint Jean celles de Jésus. » [voilà que ça me reprend.]
Je commence. Et quand je pense avoir compris le tour de la pensée ou de la recette de cuisine, quand la manière de faire me semble familière, quand j’ai pu en faire l’expérience et que je l’ai suffisamment triturée, décortiquée, et autopsiée ; même de manière incomplète, même si les viscères souillent encore la table d’opération, même si je ne suis pas allé jusqu’au bout de l’acte, que la plaie n’est pas recousue ou que l’atèle se déplace un peu ; du moment que je sais, moi, que je peux le faire, alors je me sens libre d’arrêter.
A l’heure d’écrire ma thèse, entre nous, cette perspective m’angoisse.
Et pour répondre à ta question : c'était sincère. Je suis un garçon plutôt gentil.
Jules | 25.01.06 @ 00:23 >
nana m'a tuer.
et sinon je confirme que non seulement jules est gentil mais que j'adore le lire...
gvgvsse -
email -
url| 25.01.06 @ 00:31 >
Tu es gentil et je suis parano. Très très parano, au point d'avoir du mal à me supporter. Mais je me soigne. Enfin non, je bois, mais ça revient au même.
Merci beaucoup pour cette citation. Il se trouve que je la cherchais (je jure que c'est vrai. Voir page 113 de "Notes sur les Manières du temps du temps" de Renaud Camus. Tu n'aurais pas la référence de la page? (édition la Pléiade 1957, je suppose))
Puisque tu prends la peine de me répondre sur le fond, j'éclaircis l'allusion de Philippe[s]: j'écris sous les initiales VS sur le forum de Renaud Camus. Honnêtement, je ne crois pas que cela t'intéresse beaucoup. C'est mon obsession personnelle, c'est tout.
"prélever puis déposer, couper et puis coller. ": tu sais ce qu'a dit Pascal sur la matière et la forme...
Une citation rien que pour toi: "Je suis un malade de littérature. Si je continue ainsi, aussi bien va-t-elle finir par m'avaler, tel un pantin dans un tourbillon, jusqu'à ce que je me perde dans ses contrées sans limites. La littérature m'asphixie chaque jour un peu plus, penser, à cinquante ans, que mon destin est de me transformer en un dictionnaire ambulant de citations m'angoisse." Enrique Vila-Matas "Le mal de Montano"
Pour finir, trois points:
- aurais-tu (eu) Compagnon comme professeur? J'aimerais assister discrètement à ses cours, je n'ai pas pris le temps cette année encore de me renseigner sur la salle et les horaires (non disponible sur internet la dernière fois que j'ai cherché)
- J'aimais ton blog. Je suis arrivée un peu tard, tu n'écrivais plus beaucoup.
- j'aime le blog de Gv ainsi. Je ne signerai pas ta pétition pour qu'il change! (J'aime qu'il faille avoir ses propres points de repère pour s'y retrouver, j'aime qu'il faille y frayer ses propres chemins, j'aime même le boudin ou la guirlande des mois en bas de page qui aboutit à une carte du monde qui a la rougeole.)
PS: tu remarqueras qu'à jeun, ça ne change pas grand chose. Un peu moins de fautes, peut-être.
Alice -
email| 25.01.06 @ 05:42 >
Des fautes aussi pénibles, ça se confirme: pas "
ta pétition", mais "
de pétition", bien sûr.
Alice -
email| 25.01.06 @ 05:52 >
Jules, je vous aime.
Alice, vous buvez donc du Champagne l'après-midi ?
Philippe[s] | 25.01.06 @ 12:32 >
on pourrait faire un plan champagne un après midi avec tous les lecteurs volontaires et alice...
gvgvsse -
email -
url| 25.01.06 @ 19:39 >
Vince > Je suis partant ! (pourquoi appeler cela un "plan" ? L'influence de la culture gay, rendue enfin perceptible ? Si on appelait cela flashchamp, tu pourrais enfin te féliciter de m'avoir décidé ... ;))
Philippe[s] > Est-ce grâce au point virgule ?
Alice > Jolie citation, jolis compliments (j'en rougirais presque si je n'avais également reçu une déclaration d'amour), jolies explications, et peut-être, jolie déception : je n'ai pas eu Compagnon en cours. Je n'ai d'ailleurs pas fait de fac de lettres modernes... Il paraît qu'il est épatant.
Jules | 26.01.06 @ 00:11 >
>Philiipe[s] : je déjeune au champagne une fois par semaine (nananère!) Je prévois pour l'après-midi qui suit des taches légères, comme laisser quelques commentaires pleins de fautes sur des blogs...
Moi aussi, je suis partante: l'écart entre l'écrit et les personnes en chair et en os ne me gêne pas, car il m'a toujours semblé naturel que l'écrit vienne d'autres régions de nous-même que notre comportement quotidien. Il me semble que ce nous écrivons nous dépasse (nous déborde) inévitablement.
Alice -
email| 26.01.06 @ 05:49 >
pour en revenir au sujet principal, certains ont prévu d'être là dimanche?
gvgvsse -
email -
url| 26.01.06 @ 10:40 >
A Orléans?
Jules | 26.01.06 @ 11:46 >
oui, à orléans.
gvgvsse -
email -
url| 26.01.06 @ 14:48 >
ben non :'(
Jules | 26.01.06 @ 19:14 >
quel boudin?
gvgvsse -
email -
url| 31.01.06 @ 14:44 >
Guirlande, boudin, accordéon,... : la liste des mois
Alice -
email| 03.02.06 @ 21:17 >
pan, t'auras du boudin!
gvgvsse -
email -
url| 05.02.06 @ 14:00 >
Qu'est-ce que c'est que cette histoire de boudin ?
Et ce flashchamp ?
Philippe[s] | 10.03.06 @ 14:52 >
Sous (ou à côté d') une des premières photos de son nouveau blog, Jules demande un peu de temps. Je t'offrirai une coupe la prochaine fois qu'on se croise.
Alice -
email| 28.03.06 @ 06:56 >
Sous (ou à côté d') une des premières photos de son nouveau blog, Jules demande un peu de temps. Je t'offrirai une coupe la prochaine fois qu'on se croise.
Alice -
email| 28.03.06 @ 06:56 >
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