Antony à la maroquinerie
Au commencement, il y avait eu un post de Monsieur Désinvolte qui s'y entend pour dénicher les talents. Il les avait découvert, comme beaucoup, grâce à leur apparition de groupe onirique venant chanter dans une prison, dans le film
Animal Factory. Et comme beaucoup aussi, il ne parvenait pas à trouver leur disque.
Je l'avais cherché partout ce fameux disque, des rayons gothiques des disquaires d'Amsterdam, jusque dans la boutique
Rough trade de Padding Hill. Sans succès.
Et puis j'avais eu le bonheur de le dénicher chez
Gibert à Paris. Et puis il y avait eu ce premier
concert à Lille avec
Manu et
Mister Tigger, ces mots échangés avec Antony dans les coulisses, cette jolie dédicace.
Ce soir, il est donc à la
Maroquinerie, salle clairement trop étroite suite au succès de son nouveau disque et à
l'article élogieux du
Monde. Et c'est grâce à
Manu que je peux me trouver là au milieu d'une petite foule attentive et impatiente.
Comme d'habitude à la
Maroquinerie, l'heure du concert est incertaine : 19h00 à en croire les billets, 20h00 d'après le site internet. La première partie, oubliable malgré la courte apparition de Keren Ann démarre à 20h00. Plus tard dans la soirée, il apparait enfin avec son band habituel, à la facture si classique : un violoncelle, un violon, un accordéon, une guitare, une basse. Et son piano demi queue aux accompagnements rêveurs en forme de vague qui sont comme un monde à part. Et puis sa voix. Cette voix si étrange qui n'a rien de celle d'un ténor comme le dit Le
Monde. C'est une voix de contre ténor, mais particulièrement lyrique, pleine de vibrato et de rêverie.
Ce soir il attaque surtout les chansons de son dernier disque,
Cripple and Starfish du premier album, quelques reprises de Leonard Cohen et de Prince. Il a pris de l'assurance sur scène, il aime jouer avec le public, mais le plus frappant, c'est l'univers si particulier qu'il a réussi à créer. Ce mélange de douceur, d'ambiguité sexuelle, de mélancolie, de morbide, d'enfance envolée, d'élans lyriques, de grotesque, mais aussi de grâce.