Où je commence à comprendre ce que signifie l'ambr*icisation
Peu après six heures, je prends le train interminable entre
Centrale Stazione et
Malpensa, puis le vol de Paris. Après une journée de travail au bureau, je rentre enfin chez moi et découvre l’ambr*icisation partielle qui a atteint mon appartement. Le plus flagrant est la disparition totale des livres d’art qui se trouvaient sur la table basse. C’est plutôt une bonne chose car ils formaient de telles piles que l’on commençait à ne plus voir le feu de bois dans la cheminée depuis le canapé. En revanche, ils sont tous entassés dans un coin, et je vais devoir leur trouver un emplacement définitif. Le canapé a lui aussi été débarrassé de tout un capharnaüm disgracieux qui trône maintenant sur mon bureau. Le diable rouge et grimaçant est passé de la cheminée au parquet ce qui est plus discutable. L’une des trois piles de
blurays s’est effondrée en un onze septembre qui a du être fort sonore. Les piles de la télécommande de la télévision ont mystérieusement disparu et à l’heure où j’écris ces lignes, je ne sais où elles se trouvent. Les deux amplis et le préampli sont restés allumés toute la journée. La baignoire est pleine d’une eau encore tiède. C’est un peu de ma faute, le siphon est cassé et je n’avais pas prévenu Ambr*ise qu’une fois la baignoire remplie, c’est un cauchemar de la vider. Comme le maudit siphon est quasiment invisible dans l’eau savonneuse, je dois donc vider la baignoire avec une casserole avant de procéder au siphonage (tiens bizarrement il y a un seul N à siphonage, ou alors le dictionnaire
Microsoft est totalement siphonné). Le plus désagréable de cette ambr*icisation est une odeur tenace de tabac froid qui a envahi tout l’appartement mais je ne m’en soucie guère. L’ambr*isie qui m’envahit doucement me rend l’âme la plus légère au monde.