Cent ans
Il y a cent ans aujourd'hui, naissait en Ukraine Vladimir Horowitz. J'ai pensé à lui hier en marchant près de son hôtel particulier de la 94ème rue. Horowitz a longtemps été pour moi une sorte de mythe, connu seulement pour des disques éblouissants : son 3ème de Rachmaninoff, sa sonate en si mineur de Liszt, ses Chopin, ses Scarlatti... Je n'aurais jamais rêvé l'entendre jusqu'à l'annonce de son grand retour sur scène en 1985. Il n'avait pas joué en France depuis 1951 et c'est au théâtre des Champs-Elysées qu'il avait décidé de retourner, trente quatre ans plus tard. L'horaire était inhabituel, 15h30 un dimanche, les places hors de prix, jusqu'à 1100 Francs, mais le tout Paris était là... Je me souviens notamment de Gainsbourg qui plaisantait avec le barman à l'entracte. J'avais offert sa place à une amie au nom allemand à rallonges dont j'étais tombé éperdument amoureux.
A l'heure dite il était là, hilare sur scène, avec l'un de ses immenses noeuds papillon colorés. Et à plus de quatre-vingt ans, la virtuosité était encore impeccable, le fameux son Horowitz, puissant, avec un large usage de la pédale. Je me souviens notamment d'une Polonaise Héroïque absolument incroyable, un moment d'anthologie. Un ami concierge d'hôtel m'a dit qu'il ne mangeait que des soles importées des Etats Unis pour son déjeuner et qu'il se faisait livrer dans sa chambre un grand nombre de videos pornos. Je me demande ce qu'en pensait son épouse, la fille du grand Arturo Toscanini qui l'accompagnait dans sa tournée.