La Neuvième de Bernard Haitink au Concertgebouw
Le second vol du matin entre Paris et Amsterdam où il fait une vraie journée printanière. Dans l’après-midi, je vais dormir une heure au soleil au
Vondel Park et, une fois n’est pas coutume, je dîne avant le concert, au
Keyzer, juste à côté du
Concertgebouw. Le cycle Mahler d’Amsterdam tire à sa fin avec la
Neuvième, dirigée par Bernard Haitink qui retrouve toujours avec beaucoup d’émotion l’orchestre qu’il a dirigé pendant trente quatre annnées. J’ai une place vraiment épouvantable, dans le petit carré d’une dizaine de fauteuils sur le côté de l’orgue. Mais alors que le concert est complet depuis des mois, il y a quelques places libres sur le
Podium et dès que la lumière s’éteint, je me précipite sur l’une d’entre elles. Je me retrouve juste derrière les cors, et bien sûr, face au chef. Le premier mouvement me déçoit un peu, l’orchestre semble avoir du mal à rentrer dans l’œuvre et les cors, tellement sollicités dans ce mouvement sont nettement moins infaillibles que ceux de Berlin ou Lucerne. De plus, étant placé là où je suis, la moindre défaillance est amplifiée au centuple. Le deuxième mouvement est très réussi, Haitink sachant parfaitement doser le rustique du
Ländler et l’élégance viennoise. Le
Rondo Burlesque, très réussi lui aussi, est pris extrêmement rapidement. De ma place, le son est bien sûr déformé, le son des cors étant très amplifié, et les timbales me faisant presque retourner de surprise. En revanche je peux apprécier la qualité exceptionnelle des bassons dont la partie n’est pas toujours facilement discernable. Le dernier mouvement est sans doute le plus réussi et, comme Abbado, Bernard Haitink garde la main levée à la fin de l’œuvre, afin d’imposer quelques instants de silence, avant les hourrahs de la salle levée.
Comme Pierre Boulez, Bernard Haitink, qui a bénéficié d’un tabouret de velours rouge pour se reposer entre les mouvements, ne prend pas le grand escalier pour saluer. Il semble visiblement impatient que le public cesse enfin ses acclamations pour partir se reposer. Le même programme est joué quatre fois cette semaine.
Il y a cent ans, le 11 mai 1911, Mahler quitte Paris en train pour Vienne.