Schubert et Mahler au Barbican
J’ai bien failli être en retard à ce concert car, en arrivant à la station de
Gloucester Road, j’ai constaté que le trafic était annulé sur la
Circle Line. Je suis ressorti du métro et j’ai trouvé un taxi qui m’a emmené
along the river et j’étais finalement suffisamment à l’avance pour revendre mon ticket supplémentaire à un acheteur de dernière minute. La salle était loin d’être pleine pour ce concert qui me faisait envie depuis que
Paris Broadway m’en avait parlé en début d’année.
Bernard Haitink et le London Symphony Orchestra étaient particulièrement inspirés dans la
Symphonie inachevée, interprétée avec une grâce et une sensibilité exceptionnelles. Chaque phrase était jouée comme si la vie des instrumentistes en dépendait et c’était absolument merveilleux.
La deuxième partie mettait en scène un couple improbable : Anthony Dean Griffey, qui remplaçait Robert Gambill souffrant, à le style Siegfried benêt : grosse bedaine et silhouette de bûcheron canadien, un sourire stupide éclairant en permanence son visage et sa tignasse jaune. Christianne Stotijn a quand à elle quelque chose de Nicole Kidman et sa robe austère lui donnait l’air d’une nonne du XVIIIème siècle. Lorsque l’on fermait les yeux, cela fonctionnait cependant, même si aucun des deux interprètes n’a une voix particulièrement puissante. Du centre du quatrième rang, on les entendait bien. Du deuxième balcon, il devait en être autrement. L’orchestre était souvent brillant, peut être un peu trop, avec une importance trop grande donnée aux percussions métalliques et au celesta absolument hors de propos dans le premier Lied. Mais s'il y avait des moments d’une beauté absolue, cette interprétation était très en deça de mes deux versions du Concertgebouw, celle de
Bernard Haitink, déjà, et celle de
Daniel Harding. Der Abschied était, comme souvent d’ailleurs, le plus réussi, avec une Christianne Stotijn complètement investie dans son personnage et un orchestre en apesanteur.