Impressions suisses II
J'ai quitté Genève il y a un mois sous la neige. Je l'ai retrouvé ce matin en plein été. Un gros monsieur en string se prélasse au soleil dans l'île sur le Rhône.
Dans l'avion du retour, je feuillette la revue d'Air France et j'aperçois une reproduction de
la jeune fille aux gants de Lempicka, ce qui me fait sourire.
Je lis aussi l'interview de Fabrice Melquiot, l'auteur dramatique à la mode. Il a cette belle formule : "
Nous sommes condamnés à être des passagers clandestins dans l'existence des autres. C'est un cadeau énorme quand les gens vous invitent dans leur vie." Cela me donne envie de remercier quelques personnes qui m'ont laissé m'embarquer comme passager régulier de la leur. Cela me donne aussi envie de tenter d'être accepté en tant que passager plus fréquent dans la vie de certains autres.
Et puis je pense à toi, qui as décidé d'interrompre un beau voyage de mille jours où, par les hublots de ton existence, j'ai découvert des contrées que je n'oublierai pas.
Et puis je pense à tous les voyages clandestins à venir, car mon être tout entier bascule peu à peu de la nostalgie larmoyante à une euphorique soif de vivre.